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Autant le dire

« L'esca, fléau oublié de nos dirigeants »

Philippe Boucard, vigneron dans le Val de Loire - La vigne - n°273 - mars 2015 - page 4

Nous sommes tous convaincus qu'il faut mettre en pratique une autre agriculture. Seule une chose nous retient de franchir le pas : est-ce viable ? On voit tous les jours les problèmes que pose la suppression de l'arsénite de soude, décidée en 2001. Les pieds de vigne meurent. Dans les vignobles où les vins sont bien valorisés, on peut remplacer les ceps ou les curer, comme cela semble être efficace. Dans les autres, on n'a pas de quoi payer la complantation. Les ceps meurent. Il n'y a aucune solution pour lutter contre ce fléau. On court au suicide. Les chercheurs sont-ils compétents ? On peut se poser la question. Quant aux pouvoirs publics, ils traitent ce problème avec trop de nonchalance. Les moyens dégagés pour le résoudre ne sont pas en rapport avec l'importance de notre secteur. Quand on sait ce que rapporte la taxe Casdar prélevée sur les exploitations viticoles et que l'on compare ce prélèvement avec les sommes investies par le ministère de l'Agriculture pour la recherche, on découvre un écart scandaleux ! On demande même à la profession, par l'intermédiaire des interprofessions, de financer la recherche, c'est la double peine ! Inadmissible ! Et je viens d'apprendre que quinze ans après l'interdiction de l'arsénite de soude, on vient seulement d'avoir l'idée de rechercher son mode de fonctionnement. Les bras m'en tombent. On va mettre plus de temps pour trouver une solution contre l'esca qu'on en a mis pour trouver le remède au phylloxéra. Pourtant, nous disposons de bien plus de moyens qu'à l'époque. Il est temps de mettre ce problème en corrélation avec la chute de production du vignoble. Il y a une désespérance dans les vignobles touchés par l'esca, tellement c'est déprimant de voir les ceps mourir sans pouvoir rien y faire. Ce fléau crée des dégâts psychologiques que l'on mésestime.

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