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À LA VIGNE - AVRIL

Une pénurie de plants inédite

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°274 - avril 2015 - page 8

Faute de plants, des viticulteurs doivent reporter leurs plantations ou complantations, changer de cépages ou de clones. Les pépiniéristes sont victimes d'un très mauvais taux de reprise.
Les projets de plantations de nombreux viticulteurs sont contrariés par le manque de plants cette année. © C. WATIER

Les projets de plantations de nombreux viticulteurs sont contrariés par le manque de plants cette année. © C. WATIER

En 2014, les taux de reprises des plants greffés-soudés ont été particulièrement faibles : moins de 45 à 50 % au niveau national, soit 15 à 20 % de moins que les années normales. Les pépiniéristes s'en sont aperçu lors du tri des plants en décembre et janvier derniers. La situation est inédite.

Didier Thévenet en paie le prix. Chef de culture du Château de Corcelles, un domaine de 90 ha dans le Beaujolais, il doit revoir ses plans. « Cette année, j'avais prévu de planter deux hectares de gamay. Mais, par manque de plants, je dois reporter à l'an prochain la plantation d'un demi-hectare. Pourtant, je les avais commandés depuis longtemps. Mais mon pépiniériste a eu un taux de reprise de l'ordre de 35 % seulement. »

« Le taux de reprise est historiquement bas et la demande historiquement forte. Il devrait manquer plus de 20 millions de plants », indique David Amblevert, le président de la Fédération française de la pépinière viticole. Selon lui, toutes les régions sont touchées et tous les cépages concernés.

Michel Badier, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher confirme : « Il y a une totale rupture d'approvisionnement en plants de vigne quel que soit le cépage. Pour le sauvignon, c'est logique car il s'en replante beaucoup depuis deux ans. C'est plus surprenant pour les rouges ». Même chose en Côte-d'Or où le chardonnay manque. « J'ai reçu plusieurs appels de viticulteurs me demandant où ils pouvaient trouver du matériel végétal », rapporte Laurent Anginot, conseiller en matériel végétal à l'ATVB (Association technique viticole de Bourgogne) et à la chambre d'agriculture. Dans le Vaucluse, c'est le grenache qui fait le plus défaut. Dans l'Aude, c'est le cinsault. Et dans les côtes du Rhône septentrionales, la syrah. Mais même les blancs, comme le viognier ou la marsanne, font défaut alors qu'ils sont moins demandés.

L'Arc méditerranéen très touché.La situation est particulièrement délicate dans les régions engagées dans des plans collectifs de restructuration, notamment sur l'Arc méditerranéen où il n'est pas possible de compenser le manque de greffé-soudés par des plants en pot. Dans les vignobles de la façade atlantique, plus arrosés, les viticulteurs ont cette possibilité. Si bien que les pépiniéristes n'hésitent pas à investir dans de nouvelles serres pour pouvoir satisfaire la demande. Mais, selon David Amblevert, cela ne suffira pas. Les pépiniéristes ne pourront pas honorer toutes leurs commandes. « Il y aura des reports de plantation en Aquitaine et un peu partout ailleurs », reconnaît David Amblevert.

Bien des viticulteurs doivent modifier leur programme de plantation et se reporter sur d'autres cépages que ceux qu'ils avaient prévus. L'Inao de Valence rapporte ainsi que plusieurs d'entre eux lui ont signalé des changements, du fait des difficultés d'approvisionnement en syrah. En Côte-d'Or, Laurent Anginot note que des viticulteurs n'ont pas obtenu les clones qu'ils avaient demandés. « C'est gênant vu les objectifs qualité de ces exploitations. » D'autres ne pourront pas complanter cette année. Mêmes échos en Touraine, à Sancerre et dans le Bordelais. « Mieux vaut repousser un repiquage plutôt que de le faire avec du matériel végétal non satisfaisant », indique d'ailleurs Cédric Elia de l'Adar des Deux Rives.

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