« La feuillette à 750 € (pièce de 132 l, soit 568 €/hl), c'est un joli prix pour les producteurs. Et apparemment aussi pour le négoce puisqu'il commence à retravailler », constate Frédéric Gueguen, président de la Fédération de défense de l'appellation Chablis (Fdac). Après la forte fièvre qui a secoué l'appellation l'an dernier à cause d'une récolte historiquement faible, les cours se stabiliseront-ils à ce niveau ? C'est ce qu'espère une majorité d'opérateurs, même si, côté négoce, on se montre prudent. La campagne a, en tout cas, démarré activement sur les moûts, puisqu'il s'en est vendu 20 000 hl de plus que l'an passé, à un cours moyen de 650 € la feuillette (492 €/hl). « C'est un prix intéressant et c'est avantageux pour les trésoreries », estime Frédéric Gueguen. Les vins se sont ensuite négociés sur une base de 750 € la feuillette. « Le marché n'est pas hyperactif, le négoce achète doucement pour ne pas faire monter les cours », témoigne un courtier.
La nature s'est montrée généreuse en 2014, avec une récolte estimée à 300 000 hl contre 220 000 hl en 2013. Mais une partie de ces volumes a été affectée à la reconstitution des stocks, qui ont été asséchés par la maigre récolte 2013. Les disponibilités ne sont donc pas énormes, ce qui explique la fermeté des cours.
Ces dernières semaines, quelques transactions ont été réalisées à 770-780 € la feuillette sur de petits volumes (583-590 €/hl).
L'information a vite circulé et le marché s'est bloqué. Cet attentisme devrait perdurer avec l'arrivée de la période des gelées de printemps qui, chaque année, fige les affaires. « L'an dernier, le marché a accepté une hausse dans un contexte général de pénurie pour les vins blancs de Bourgogne. Mais il ne faut pas que ça dure si on veut retrouver des ventes dynamiques. On a perdu des marchés. Au Japon, nos clients ont décroché. Cette année, avec nos achats en moûts, nous arrivons à un cours moyen de 700 €. C'est peut-être jouable. Mais il faut que tous les opérateurs qui vendent en conditionné réajustent leur prix de vente en bouteilles », souligne Alain Servot, directeur technique de la maison Bichot.