La rumeur et la presse ont un impact fondamental sur chaque millésime, sur l'idée que chacun s'en fait, l'engouement qu'il suscitera et, au final, ses succès commerciaux.
Le dénigrement a été de mise pour le millésime 2013. Certains viticulteurs ne souhaiteront donc pas le mettre en avant.
En 2009, l'Europe a réglementé la notion de millésime. Elle est venue remplacer des règles françaises des AOC, bien plus restrictives. Désormais, on peut inscrire le millésime sur l'étiquette d'un vin qui ne comporte que 85 % de jus issu de raisins récoltés cette année-là. Certes, il est de tradition d'utiliser, quand c'est nécessaire, les surplus de mise pour compléter le vin d'ouillage des barriques, mais la consume ne dépasse pas les 2 à 3 % par an. La tentation est donc grande de ne pas commercialiser de 2013 et d'en incorporer des petits volumes dans les millésimes suivants, ceux qui n'auront pas subi le même « millésime bashing ». Certains courtiers disent même : « Au final, le consommateur y trouve son compte, avec des vins plus réguliers en qualité. C'est l'essentiel. » (Sud-Ouest, 10 février 2015).
Ce n'est pas la voie que nous avons choisie. Nous avons beaucoup, beaucoup trié ! Lors de la vendange, sur pieds, mais aussi sur table de tri, avant l'entrée des raisins dans les chais. Ensuite, nous avons effectué nos vinifications pour partie directement en barriques, pour ne pas abîmer les baies. Enfin, l'assemblage a été une nouvelle et dernière sélection. Alors les « seulement » 13 000 bouteilles produites sont magnifiques ! Et oui, ce sont des 2013 et uniquement des 2013, avec leur profondeur et leur caractère. Un vin sans doute moins typique du Haut-Médoc qu'un 2010 ou un 2011, mais tout aussi passionnant ! Il est ainsi le reflet de ce que la nature nous a donné pour ce millésime.