Mi-avril, le CIVB, a adressé un courrier aux 366 viticulteurs dont au moins une parcelle cadastrale est située à moins de cinquante mètres d'un établissement scolaire pour leur rappeler qu'il est interdit d'y appliquer des produits durant le temps scolaire. Un courrier qui n'a pas marqué Didier Meneuvrier, du Château La Croix-Davids, à Lansac (Gironde), dont deux parcelles jouxtent l'école communale. « Je n'ai pas attendu qu'on m'écrive. Nous avons déjà eu plusieurs réunions avec la mairie et les riverains pour préparer la saison », explique-t-il.
La pression monte d'un cran avec Générations Futures. L'association écologiste a rédigé une lettre type que les voisins de viticulteurs peuvent adresser à ces derniers leur demandant de les avertir quand ils traitaient. La lettre fait état de quantité d'arrêtés et de règlements en la matière. « C'est du chantage et de la menace », clame Christophe Château, en charge de la communication du CIVB. « Nous n'avons pas de leçons à recevoir. Mais c'est à chacun d'être responsable », tempère Hervé Grandeau, président de l'ODG Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
À Listrac, Pascal Bosq, du Château Liouner, 45 ha en agriculture raisonnée, a reçu huit de ces lettres type. « Personne n'est venu me voir. C'est cela qui me choque », confie-t-il. Six hectares de sa propriété touchent l'école maternelle et un lotissement. Il vient de signer une charte avec Générations Futures et des associations de parents d'élèves. Il s'engage à traiter en bio ces 6 ha, en dehors des horaires de l'école, et à prévenir les riverains 24 h à l'avance par mail.
Au Château Lamothe de Haux, Damien Chombart prend les choses en main alors que ses vignes ne touchent pas l'école de son village. « Il faut travailler en bonne intelligence avec les habitants, leur expliquer notre métier. Cela rentre dans la démarche d'une agriculture durable », explique ce viticulteur, à la tête de cette propriété de 70 ha, à Haux. Il compte bien inviter les voisins pour leur faire goûter son vin. Au passage, il leur expliquera les traitements phyto.
De son côté, la chambre d'agriculture de la Gironde peaufine une note sur les bonnes pratiques de pulvérisation qui va être envoyée à 7 000 viticulteurs. Elle propose un accompagnement personnalisé des viticulteurs situés dans des zones sensibles.
Des haies pour protéger les sites sensibles
L'ODG des Côtes-de-Bourg s'engage dans un projet de plantations de haies autour des sites sensibles (hôpitaux, écoles...) situés à moins de 50 m d'une vigne. 24 sites ont été identifiés sur les 15 communes de l'AOC. Leur protection nécessiterait 2 400 m de haies. Les premières plantations sont prévues cet automne. En attendant, l'ODG et la communauté de communes ont rédigé une charte de bon voisinage. Les vignerons signataires s'engagent à « adapter leurs horaires de traitement en tenant compte des activités extérieures collectives » et à « avertir l'établissement et la mairie des traitements au plus tard la veille de ces travaux ». Les communes leur fourniront les horaires de fréquentation des sites sensibles.