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VIGNE

Entretien du sol Ils ont trouvé le bon outil

PAR MARTIN CAILLON - La vigne - n°278 - septembre 2015 - page 40

À l'occasion d'une journée présentant du matériel innovant, quatre viticulteurs de Saône-et-Loire expliquent leur choix et partagent leur expérience.

La chambre d'agriculture de Saône-et-Loire a organisé, le 23 juillet dernier, un rallye consacré à des matériels innovants d'entretien du sol en viticulture. Une soixantaine de viticulteurs étaient présents. La journée s'est déroulée en deux étapes. Les visiteurs avaient rendez-vous le matin chez Stéphane Martin, au Domaine de la Croix Senaillet, à Davayé (Saône-et-Loire), utilisateur d'une bineuse à doigts Kress. La manifestation s'est poursuivie l'après-midi, trente kilomètres plus au nord, chez Fabien Clément au Gaec Copex, à Taizé, un domaine qui travaille le sol avec des brosses NaturaGriff et des bêches roulantes. Une démonstration a permis d'apprécier l'efficacité mais aussi les limites des deux matériels, ces derniers ayant évolué sur un sol très sec générant beaucoup de poussière. Deux autres viticulteurs, Gilles Mathias, utilisateur d'un rotavator, et Marc Guillemot, d'un rouleau hacheur, ont également présenté leur outil et, comme les deux hôtes du jour, partager leur expérience.

STÉPHANE MARTIN, VITICULTEUR AU DOMAINE DE LA CROIX SENAILLET, À DAVAYÉ (SAÔNE-ET-LOIRE), 25 HA DE VIGNES CONDUITES EN BIO DEPUIS 2010 Bineuse à doigts : « Un outil simple, pas cher et efficace sous conditions »

 M. CAILLON

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Bineuses à doigts Kress montées sur un enjambeur Bobard.  M. CAILLON

Bineuses à doigts Kress montées sur un enjambeur Bobard. M. CAILLON

 M. CAILLON

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« Nous travaillons avec des bineuses Kress depuis l'an dernier. Nous avons d'abord investi dans une paire de satellites à doigts rigides, rouge, de 540 mm de diamètre, pour voir. Nous l'avons passée deux fois avant les vendanges. Satisfaits du résultat, nous avons acheté une seconde paire afin de travailler deux rangs à la fois. Nous avons monté les bineuses, en position décalée, sur un enjambeur Bobard. L'outil est très simple d'utilisation. On incline manuellement les satellites de 15° environ pour biner sur 3 à 4 cm de profondeur et 20 cm de largeur environ. Puis on les règle en largeur pour que les doigts effleurent juste les pieds. Sauf cas particulier, on n'y touche plus par la suite. Les bineuses Kress travaillent efficacement. Les doigts, souples, agissent comme des ressorts. Ils éjectent la terre et déplacent les herbes autour des pieds. Toutefois, l'efficacité de l'outil ne se mesure qu'au bout de quelques jours. Pour un résultat optimal, il faut passer l'appareil au stade plantule, sur un sol ni trop sec, ni trop humide. La présence de cailloux peut occasionner la casse de quelques doigts. Les satellites conviennent mieux que des lames dans les jeunes plantations. Étant dépourvus de palpeurs, ils ne couchent pas les jeunes plants. Ils ne provoquent pas non plus de dégâts au contact de ceps couchés. En revanche, ils s'accommodent assez mal des grosses souches, trop larges pour se glisser entre les doigts. Dans ce cas, il faut éloigner légèrement les bineuses de l'axe du rang. Dans des conditions normales, sur sol plat, on avance à au moins 5 km/h, soit deux fois plus vite qu'avec des lames. On peut aussi passer l'outil en combiné avec la rogneuse. Enfin, à 1 200 euros la paire, l'équipement n'est pas très cher. »

FABIEN CLÉMENT, ASSOCIÉ DU GAEC COPEX, À TAIZÉ (SAÔNE-ET-LOIRE), 250 HA, DONT 23,3 HA DE VIGNES Brosses et bêches roulantes : « Fiables et utilisables même en conditions humides »

 M. CAILLON

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Brosses métalliques NaturaGriff montées sur un enjambeur laboureur GRV. M. CAILLON

Brosses métalliques NaturaGriff montées sur un enjambeur laboureur GRV. M. CAILLON

« Nous avons acheté des brosses métalliques NaturaGriff il y a cinq ans pour diminuer l'utilisation d'herbicides. Elles sont montées sur un enjambeur monorang laboureur, de GRV. Nous passons l'outil deux ou trois fois par an, en moyenne, couplé avec une paire de bêches roulantes, installée sur les porte-outils arrière. Ces deux matériels sont complémentaires. Pour nous, les brosses de désherbage mécaniques sont ce qu'il y a de plus doux pour la vigne. Nous avançons entre 3 et 3,5 km/h en moyenne, parfois jusqu'à 6 km/h dans les meilleures conditions. Les satellites brossent la ligne des souches du rang enjambé sur 3 à 4 cm de profondeur. Le résultat est efficace si les herbes sont au stade de plantule. Les brosses détruisent bien l'amarante et la morelle notamment. Toutefois, un rattrapage chimique est parfois nécessaire pour venir à bout des chardons. Les brosses fonctionnent très bien dans les jeunes plantations, à condition d'installer des tuteurs solides auprès des plants. Elles évoluent également bien en conditions humides. Ces brosses métalliques sont résistantes. Je travaille jusqu'à 60 ha environ avant de les changer. Les bêches, quant à elles, ont deux fonctions. Elles aèrent le sol et limitent la largeur et le développement des bandes enherbées. Je peux modifier l'angle d'attaque du rotor pour rendre les lames plus agressives. Elles sont efficaces pour le liseron et la prêle. Les bêches peuvent s'utiliser aussi en rognant ou en tondant. »

GILLES MATHIAS, DU DOMAINE MATHIAS, À CHAINTRÉ (SAÔNE-ET-LOIRE), 10 HA DE VIGNES CONDUITES EN BIO DEPUIS 2010 Rotavator : « Un bon outil de dépannage »

 M. CAILLON

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« J'ai acheté un rotavator d'occasion il y a cinq ans. Je cherchais un autre matériel que des griffes pour travailler dans l'interrang. Selon les conditions du moment, il est intéressant de disposer d'outils différents. Je ne me sers pas du rotavator tous les ans. Je l'ai utilisé un peu plus l'an passé quand le couvert est devenu trop important. Le rota est un bon outil de dépannage dans ce cas. Je l'ai passé en rognant, dans un rang sur deux seulement, pour pouvoir sulfater et vendanger à la machine sans problème. Le but n'est pas d'aller en profondeur mais de bien couper l'herbe en superficie. Ce que l'outil fait très bien. Le sol, pour cela, ne doit toutefois être ni trop sec, ni trop humide. Dans les sols caillouteux, à l'inverse, il vaut mieux que la terre soit un peu humide. Si le rotor ne tourne pas trop vite, les dents ne produisent pas de terre fine. L'outil, passé en alternance avec des griffes, ne crée pas de semelle. »

MARC GUILLEMOT, GÉRANT DE LA SCEA DE QUINTAINE, À CLESSÉ (SAÔNE-ET-LOIRE), 6,5 HA DE VIGNES CONDUITES EN BIODYNAMIE DEPUIS 1992 Rouleaux hacheurs : « C'est le top »

 M. CAILLON

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« Sur le domaine, nous avons essayé à peu près tous les outils. Depuis six ans, nous gérons la bande enherbée avec des rouleaux hacheurs car nous sommes antitonte. Les tondeuses relancent la végétation. Or, ce n'est pas le but. L'objectif est de constituer un mulch qui maintient l'humidité du sol. Au début, on a bricolé des rouleaux assez gros avec des fers plats, remplis d'eau. Ils couchaient bien l'herbe mais ne cassaient pas les tiges. Ensuite, nous avons investi dans des rouleaux Clemens. Ils sont dotés de petites lames tranchantes qui pincent bien les tiges. Nous passons l'outil en même temps que les interceps, dans les deux sens. L'herbe, ainsi, est bien cassée. Certaines années, nous semons du seigle (30 kg/ha) dans l'interrang après les vendanges. Les racines de cette céréale, qui descendent en profondeur dans le sol, ont un effet décompactant. Elles produisent les mêmes effets qu'un sous-solage mais sans utiliser de tracteur. Pour casser la céréale, le rouleau, c'est le top ! Après chaque passage, le seigle repart avec des pailles de plus en plus courtes. On s'est servi du rouleau pendant quatre ans sans problème. Mais l'an dernier et cette année, nous avons détruit la bande à cause de la sécheresse. »

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