Les vignerons et les oenologues le savent : l'hygiène en cave est cruciale pour empêcher les altérations microbiennes. C'est ainsi que la CAPL, une coopérative d'approvisionnement basée en Avignon (Vaucluse), propose une nouvelle technique de désinfection : la nébulisation. Elle présente ce procédé qui consiste à diffuser un brouillard désinfectant dans les cuves.
« Les avantages sont nombreux », explique Romain Lacaze, responsable technique du service Ecovigne de la CAPL. L'opération est rapide puisqu'il suffit d'une minute pour la nébulisation d'une cuve de 100 hl. Le brouillard pénètre dans tous les recoins et microfissures difficilement accessibles aux autres techniques de d'assainissement. Il est aussi inutile de pénétrer dans la cuve. L'opérateur reste à l'extérieur et introduit l'extrémité du nébulisateur soit dans la bonde en haut des cuves, soit par une vanne en bas. Avant cela, il faut fermer toutes les autres entrées d'air de la cuve car le désinfectant est très volatil. Après la nébulisation, on ferme totalement la cuve et on laisse agir le produit pendant trois quarts d'heure.
La technique est également très économe en eau. CTH, fabricant du désinfectant distribué par la CAPL, préconise 2,6 l de désinfectant dilués dans 2 l d'eau pour une cuve de 800 à 1 000 hl. « Jusqu'ici, par aspersion, j'utilisais 6 l de désinfectant et 600 l d'eau pour traiter 1 000 hl », constate Carlos Mellinas, le maître de chai du Château La Genestière, à Tavel (Gard), chez qui la CAPL a organisé une démonstration, le jeudi 10 juillet. Les rejets d'eaux usées sont donc réduits d'autant. « Ce qui est important, c'est le temps de contact avec les parois de la cuve. Quand on traite par ruissellement, ce temps est plus important en bas qu'en haut de la cuve. Avec la nébulisation, il est identique partout », soutient Alain Clément, technicien chez CTH.
Avant l'opération, les cuves doivent être lavées, dérougies et détartrées à l'intérieur et bien nettoyées à l'extérieur. « C'est essentiel », précise Gisèle Elichiry, de l'ICV de Provence, qui a fait des contrôles microbiologiques après nébulisation, y compris sur les drapeaux. « Cette technique est efficace. Le nombre de germes est abaissé significativement. Mais ce n'est pas une stérilisation. Et le résultat dépend de la qualité du lavage et du détartrage des cuves. »
La nébulisation peut être utilisée pour les cuves en Inox, béton ou époxy. L'Atomist 1026, le nébulisateur distribué par la CAPL, peut aussi servir pour désinfecter des machines à vendanger, remorques, conquets et autres pressoirs. Dans ce cas, on le règle pour travailler à un plus gros débit et avec des gouttes plus grosses. Doté d'un réservoir de 7,5 l, l'appareil est vendu 400 €.
S'agissant du désinfectant, CTH recommande un produit homologué à base de peroxyde hydrogène, d'acide acétique et d'acide peracétique. Il coûte entre 2,60 et 2,90 € pour une cuve de 100 hl. Comme il est très volatil et odorant, l'utilisateur doit se protéger de la tête aux pieds et porter un masque à cartouche pour éviter de le respirer.
À l'issue du temps de contact, on ouvre la bonde de la cuve, mais pas le couvercle. On projette un jet d'eau par la bonde pour dissoudre le brouillard. On n'ouvre la cuve en grand que dans un deuxième temps, pour la rincer complètement.
Phileas Un nébulisateur autonome
La société nocare, basée en Gironde, propose également un nébulisateur pour désinfecter les cuves en Inox ou en béton et les foudres en bois. Son appareil, le Phileas 20 i, se pose au fond des cuves puis fonctionne sur batterie. Il utilise un désinfectant à base de peroxyde d'hydrogène. Pour une cuve de 100 hl, il en faut 100 ml. La nébulisation dure 7 minutes. Ensuite, on laisse agir le produit pendant une heure avant de rincer abondamment. Coût : nébulisateur, moins de 2 500 €; désinfectant, 1,46 €HT pour une cuve de 100 hl.
Une technique venue d'ailleurs
La nébulisation consiste à produire de très fines gouttelettes, de 1 à 50 microns, capables de rester en suspension dans l'air et de remplir spontanément un volume. Elle est utilisée pour humidifier, rafraîchir l'air, odoriser, désodoriser ou désinfecter des locaux.
Les hôpitaux s'en servent pour désinfecter les chambres et prévenir les maladies nosocomiales. En élevage, elle est très répandue pour la désinfection des poulaillers. Et dans l'agroalimentaire, pour celle des chambres froides.