Dans la lutte contre le black-rot, il est toujours question de mesures prophylactiques. « Les sarments touchés par le parasite doivent être éliminés à la taille et, si possible, détruits par le feu. [...] Dans les situations à forte attaque [...], il faut veiller, au cours de la taille, à éliminer les baies momifiées et, si possible, les vrilles. L'enfouissement des feuilles et grappes touchées [...] pourrait retarder les contaminations printanières », détaille la note nationale black-rot 2016 (1).
Cette prophylaxie suppose énormément de travail. Cela vaut-il le coup ? C'est ce qu'a voulu savoir Caroline Le Roux, de la chambre d'agriculture du Rhône. De 2011 à 2014, elle a comparé plusieurs stratégies de lutte contre le black-rot en bio dans une parcelle de gamay à Régnié-Durette (Rhône). « Une parcelle à fort historique de black-rot », précise-t-elle.
Dans l'une des modalités, la technicienne a appliqué la prophylaxie avec un soin extrême. Accompagnée d'un collègue, elle a enlevé toutes les grappes momifiées et tous les débris végétaux tombés au sol : baies momifiées, morceaux de feuilles, de sarments, cornes... Puis, elle a passé la pioche sous la ligne des souches pour enfouir les résidus restants, trop petits pour être ramassés. « Cela nous a bien pris une demi-journée pour quatre-vingts ceps. Ce n'est pas extrapolable à l'échelle de l'exploitation », note-t-elle. Malgré tous ses efforts, le résultat a été décevant. « La première année, au cours de laquelle nous avons eu une forte attaque de black-rot, la prophylaxie n'a réduit que de 17 % les attaques en comparaison au témoin non traité. Les années suivantes, son efficacité a été tout aussi faible, sinon nulle. Dans notre essai, ces mesures ne se sont donc pas révélées intéressantes », reconnaît-elle.
En revanche, la modalité cuivre + soufre a donné des résultats satisfaisants. Pour autant, Caroline Le Roux estime qu'il faut maintenir certaines mesures préventives. « Ceux qui récoltent à la main peuvent sortir des parcelles les grappes touchées par le black-rot pour ne pas augmenter l'inoculum », explique-t-elle. Autre mesure à mettre en place : le travail du sol pour enfouir les débris végétaux.
(1) Note rédigée par l'IFV et les chambres d'agriculture 17, 26, 30, 33, 44, 69 et 84.