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VIGNE

Mancozèbe Il vit encore...

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°285 - avril 2016 - page 40

UPL, société spécialisée dans la protection des cultures, a bon espoir d'obtenir la réhomologation du mancozèbe au niveau européen.
 © C. WATIER

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« Pas d'effets indésirables dans les conditions normales d'utilisation » Daniele Ruccia, UPL Europe. © C. STEF

« Pas d'effets indésirables dans les conditions normales d'utilisation » Daniele Ruccia, UPL Europe. © C. STEF

« Non, le mancozèbe n'est pas mort. » C'est ce qu'a déclaré Thierry Lecat, directeur général d'UPL France, dès l'ouverture du colloque qu'il a organisé sur l'avenir de cette molécule les 23 et 24 mars, à Lyon (Rhône). Une centaine de distributeurs et de prescripteurs y ont participé. Le mancozèbe est en cours de réévaluation au niveau européen. Et UPL France a bon espoir de le voir réhomologué en 2018. « Le mancozèbe sera présent l'année prochaine et dans les dix ans qui viennent. On y travaille », a soutenu Thierry Lecat.

« On croit en cette molécule », a poursuivi Daniele Ruccia, en charge des dossiers réglementaires au sein d'UPL Europe. Cet expert a abordé la question des perturbateurs endocriniens. Le mancozèbe en est-il un ? Difficile de répondre car les critères réglementaires définissant ce type de substance ne sont pas encore connus. Cependant, « le mancozèbe ne produit pas d'effets indésirables sur les fonctions endocriniennes dans les conditions normales d'utilisation », a soutenu Daniele Ruccia.

La firme a aussi fourni des études montrant que le classement actuel de sa matière active comme « toxique pour la reproduction » (classement H361d, susceptible de nuire au foetus) n'était pas justifié. Elle espère qu'il sera retiré d'ici 2019. La redevance pour pollution diffuse, dont le niveau plombe les ventes, s'en trouverait réduite. « Nous souhaitons que le mancozèbe retrouve sa place sur le marché français avec un classement moins défavorable », a insisté Daniele Ruccia.

Le mancozèbe est un fongicide important dans la lutte contre les maladies de la pomme de terre, des légumes, en arboriculture et en viticulture. C'est ce que des experts ont expliqué tout au long du colloque. En vigne, il est utilisé pour lutter contre le mildiou, le black-rot, l'excoriose et le brenner. « On va défendre ces usages et les conditions d'emploi d'aujourd'hui », a indiqué Daniele Ruccia.

Aucune souche résistante au mancozèbe n'a été mise en évidence. Ce produit a un mode d'action multisite. Éric Chantelot, de l'IFV pôle Rhône-Méditerranée, a rappelé qu'il est essentiel pour réduire le risque d'apparition de souches résistantes aux matières actives unisites, en tant que partenaire dans les produits formulés. Il entre ainsi dans la composition de vingt antimildious pour la vigne disponibles en France. « La gestion de la résistance du mildiou aux fongicides repose sur l'association de molécules unisites à des molécules multisites. Si jamais les produits multisites disparaissent, comment fera-t-on ? »

Autre question soulevée lors du colloque : la dose homologuée de 1 600 g/ha suffit-elle à contrôler le black-rot en cas de forte pression de ce parasite ? UPL soutient que oui. « Lorsqu'il est appliqué de manière précise et en préventif, à 1 600 g/ha, le résultat est intéressant », a répondu un représentant de la firme. Mais, à cette dose, le produit ne persiste que sept à dix jours. Et Éric Chantelot de préciser : « Vu l'importance du black-rot l'an passé, nous avons mis en place des essais dans lesquels nous avons pris le mancozèbe comme référence. Cette année, nous aurons des données sur son efficacité à cette dose. »

Un point reste flou : quel est le nombre d'applications autorisées de mancozèbe par an ? Quatre, a expliqué UPL. D'après l'entreprise, en toute logique, il faut comptabiliser tous les produits contenant du mancozèbe. Mais, selon un expert que La Vigne a interrogé à l'issue des conférences, la réglementation n'est pas claire sur ce point et reste sujette à interprétation.

Des utilisations en baisse

En 2015, un peu plus de 700 000 ha de vigne (en déployé) ont reçu du mancozèbe. C'est la deuxième molécule de contact la plus utilisée en viticulture après le métirame. Elle devance donc le folpel. Toutefois, les applications ont baissé ces dernières années. Les produits associant le mancozèbe à une autre matière active reculent. En trois ans, leur emploi a diminué de 25 %. En cause : le classement H361d mais aussi la ZNT de 50 m qui est attribuée à la majorité d'entre eux. En revanche, le mancozèbe utilisé seul a légèrement progressé ces trois dernières années. « C'est lié à l'homologation de produits comme les phosphonates qui sont recommandés en association avec un produit de contact », note Philippe Sunder, chef de marché cultures pérennes chez UPL France.

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