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Les Grands Jours de Bourgogne « L'endroit idéal pour trouver de nouveaux clients »

ÉMILIE-ANNE JODIER - La vigne - n°285 - avril 2016 - page 57

EN MARS, les Grands Jours de Bourgogne sont l'occasion rêvée pour les vignerons de consolider leurs contacts et rencontrer de nouveaux partenaires. La preuve avec le domaine Rion et avec Vincent Ledy.
ALICE ET BERNARD RION, à gauche et au milieu, mettent en avant le travail en famille pour parler de leurs vins. Leurs clients du monde entier profitent des Grands Jours de Bourgogne pour venir goûter leurs dernières cuvées. É.-A. JODIER

ALICE ET BERNARD RION, à gauche et au milieu, mettent en avant le travail en famille pour parler de leurs vins. Leurs clients du monde entier profitent des Grands Jours de Bourgogne pour venir goûter leurs dernières cuvées. É.-A. JODIER

DANS LES SOUS-SOLS DE LA MAISON DES NUITS, c'était l'affluence. Les Grands Jours de Bourgogne ont enregistré une hausse de 7 % du nombre de visiteurs cette année. É.-A. JODIER

DANS LES SOUS-SOLS DE LA MAISON DES NUITS, c'était l'affluence. Les Grands Jours de Bourgogne ont enregistré une hausse de 7 % du nombre de visiteurs cette année. É.-A. JODIER

JEUNE VIGNERON, VINCENT LEDY est venu présenter ses nuits-saint-georges en attendant de faire déguster toute sa gamme pendant la journée consacrée aux jeunes talents. É.-A. JODIER

JEUNE VIGNERON, VINCENT LEDY est venu présenter ses nuits-saint-georges en attendant de faire déguster toute sa gamme pendant la journée consacrée aux jeunes talents. É.-A. JODIER

SUR LA BARRIQUE QUI LUI SERT DE STAND,  Bernard Rion a posé, en évidence, ses cartes de visite et le livret du domaine. Il raconte l'histoire de l'exploitation en français et en anglais. É.-A. JODIER

SUR LA BARRIQUE QUI LUI SERT DE STAND, Bernard Rion a posé, en évidence, ses cartes de visite et le livret du domaine. Il raconte l'histoire de l'exploitation en français et en anglais. É.-A. JODIER

À CHAQUE PROFESSION SA COULEUR ! Pour repérer en un coup d'oeil le statut d'un visiteur, les producteurs pouvaient se référer à ce nuancier. Une information indispensable dans un salon professionnel, où les participants pensent rarement à se présenter lorsqu'ils s'adressent à un vigneron. É.-A. JODIER

À CHAQUE PROFESSION SA COULEUR ! Pour repérer en un coup d'oeil le statut d'un visiteur, les producteurs pouvaient se référer à ce nuancier. Une information indispensable dans un salon professionnel, où les participants pensent rarement à se présenter lorsqu'ils s'adressent à un vigneron. É.-A. JODIER

C'est l'affluence. Il faut attendre un peu pour accéder au prestigieux cellier du château du Clos de Vougeot, en ce 22 mars. Pour leur deuxième journée, les Grands Jours de Bourgogne invitent les professionnels à découvrir les vins de Vosne et de Vougeot dans ce lieu emblématique de la Bourgogne.

À l'intérieur, Armelle et Bernard Rion sont fin prêts. Ces vignerons ne risquent pas de manquer l'événement. Alice, leur fille, en assure en effet l'organisation avec le syndicat. Pendant qu'elle s'active pour offrir le meilleur des accueils aux visiteurs, son père se place devant le tonneau qui lui tient lieu de stand.

Dans le petit cellier du château, ils sont une cinquantaine de producteurs à être ainsi installés. Bernard Rion est décontracté, il s'attend à une journée intense mais agréable. « Les gens qui viennent nous voir sont, pour beaucoup, des connaissances. Mais il y a aussi des curieux intéressés par la découverte de vins, si bien que les Grands Jours de Bourgogne sont pour nous l'occasion rêvée de toucher de nouveaux clients. »

Bernard semble avoir le contact facile : des amies américaines lui font la bise, des Italiens le hèlent joyeusement et les cavistes français lui serrent la main avec énergie. Ce qui n'empêche pas les dégustations sérieuses. « On commence par goûter le 2014 ? Il vient d'être mis en bouteille », propose le vigneron qui présente deux cuvées à ses interlocuteurs : un vosne-romanée premier cru et son grand cru clos-de-vougeot. « Ensuite, je vous ferai déguster le 2013, une année particulière : tout était décalé, nous avons vendangé un mois plus tard qu'en 2014, c'est intéressant de les comparer. »

Alice Rion prend un moment pour venir soutenir son père. Avec un grand sourire, elle engage les visiteurs un peu hésitants à s'approcher. Bernard Rion, lui, profite de la présence de sa fille pour expliquer aux dégustateurs l'évolution du domaine. « Depuis qu'Alice nous a rejoints, en 2008, nous vinifions en gravitaire. Nelly, sa soeur aînée, travaille aussi avec nous. Auparavant, elle était dans le commerce. » Pendant ce temps, la jeune femme sert une lichette de Cuvée Dame Juliette. « C'est le prénom de ma grand-mère », précise-t-elle. Une parfaite synergie commerciale entre père et fille !

Une clientèle cosmopolite

Un Canadien s'attarde. Au départ, il ne voulait goûter que trois vins, mais il se laisse tenter par l'ensemble de la gamme. Bernard prend alors son temps pour parler de ses pratiques culturales et oenologiques. « Nous n'utilisons plus d'herbicides depuis longtemps, précise-t-il. Les grappes sont éraflées à 100 % et le tri se fait directement à la vigne. »

« Vos vins sont-ils présents à Chicago ? », demande son interlocuteur dans un français parfait, teinté d'une pointe d'accent. « Non, nous sommes représentés aux États-Unis, mais pas dans cette ville », répond Bernard Rion. Un bon point pour l'acheteur qui explique vouloir panacher plusieurs domaines pour expédier un conteneur vers le Canada et développer son activité dans la ville de Chicago.

Les voûtes du château résonnent de dizaines de langues différentes, parmi lesquelles l'italien. « Les Italiens sont de plus en plus présents, note Bernard Rion. D'ailleurs, nos ventes ont augmenté vers cette destination. » Justement, un ami s'approche. Camillo a écrit un livre sur les vins et le terroir de Bourgogne, auquel Bernard et sa famille ont participé. Il confirme l'engouement de ses concitoyens : « Les bourgognes sont très à la mode chez nous, et on peut penser que cela va durer. »

D'autres visiteurs viennent de bien plus loin, comme ce restaurateur thaïlandais à la carrure de rugbyman. Caméra à la main, il demande à Alice Rion de lui présenter le domaine. Ça tourne ! Surprise, elle s'exécute avec le sourire et dans un anglais maîtrisé. Elle a quelques minutes pour convaincre : « Nous sommes vignerons depuis cinq générations en Bourgogne, commence-t-elle. Nous pratiquons une culture raisonnée sur un domaine de plus de 7 ha où nous produisons plusieurs appellations, dont Vosne-Romanée et Clos de Vougeot que vous pouvez goûter ici. La plupart de nos vignes sont très anciennes. »

Après quelques instants, le restaurateur satisfait pose sa caméra. Bernard Rion prend le relais pendant que sa fille se remet de ses émotions. « C'est la première fois que je suis filmée pendant un salon professionnel ! Je ne m'y attendais pas, mais cela arrive parfois, notamment avec le public asiatique. » Son père fait alors déguster son vosne-romanée 1er cru Les Chaumes. « La parcelle se trouve juste en dessous du cru La Tâche, un simple chemin les sépare », détaille-t-il en anglais. La simple évocation du grand cru émoustille le restaurateur, qui reviendra à plusieurs reprises voir la famille Rion avant de finalement commander un carton de vin.

Pour les visiteurs des Grands Jours de Bourgogne, c'est un véritable marathon. Ce 22 mars, les acharnés peuvent se rendre dans trois sites différents. À quelques kilomètres du château du Clos de Vougeot, d'autres vignerons sont regroupés dans la Maison de Nuits, à Nuits-Saint-Georges même. Au sous-sol, les caves voûtées se prêtent particulièrement bien à la dégustation.

Vincent Ledy est là pour faire déguster ses deux cuvées de nuits-saint-georges. « Mes parents n'étaient pas vignerons, je n'ai donc pas hérité de mes vignes, lance-t-il aux visiteurs, dans un sourire. Heureusement, mon oncle est dans le métier et j'ai bénéficié du soutien de mon premier employeur. »

Le jeune homme a acheté ses premières vignes en 2006 et a élaboré un vin remarqué dès 2007. « Il a obtenu la meilleure note en 2007 dans la revue Bourgogne Aujourd'hui, rappelle un sommelier. Depuis, je le suis de près. » La discussion est décontractée et la sincérité du jeune vigneron semble toucher son auditoire. « Je vous fais goûter mon nuits-saint-georges vieilles vignes 2014. J'en suis particulièrement fier. Je recherche plus les fruits que les tanins. J'ai horreur des fûts neufs. J'ai eu beaucoup plus de mal à travailler le 2015, trop solaire, trop "alcooleux" à mon goût. »

Un prix élevé mais justifié

En jouant la carte de l'authenticité, le jeune vigneron instaure la confiance. Il en a bien besoin, car les choses se corsent dès qu'il parle affaire. « J'ai un rendement de 12 hl/ha sur ces parcelles », note-t-il en guise de préambule. Une manière d'amener doucement le prix de la bouteille, 50 euros environ, qui en surprend plus d'un. Néanmoins, les dégustateurs roulent des yeux émerveillés en goûtant son nectar. Comme ces deux importateurs allemands, agréablement surpris par sa maîtrise de la langue de Goethe. « Les bouteilles sont numérotées, elles ont un caractère unique », ajoute-t-il.

Le jeune vigneron annonce sa présence deux jours plus tard, le 24 mars, à la journée consacrée aux jeunes talents, à Mercurey. « C'est la seule occasion des Grands Jours de Bourgogne de goûter plusieurs appellations sur un même stand », insiste-t-il pour inciter les visiteurs à revenir le voir. Une occasion vitale pour Vincent Ledy, qui a peu de moyens pour communiquer.

Peu de moyens... mais du talent. Le jeune homme a adopté un style bien à lui. Il s'est fait connaître à travers un forum de passionnés du vin et ne jure que par Facebook : « C'est par ce biais que mon importateur américain m'a contacté . » Une importatrice britannique, en quête de nouveauté, est presque déçue : « Je n'utilise pas Facebook... », regrette-t-elle. Vincent Ledy consent à lui donner son adresse mail, même si ce n'est pas le moyen de communication qu'il préfère. Une fois n'est pas coutume !

Pouvoir d'attraction

Les Grands Jours de Bourgogne ont lieu tous les deux ans, au grand dam de certains. « Il faudrait que cela se passe chaque année ! », affirme Vincent Ledy, jeune vigneron sur plusieurs appellations.

Pendant cinq jours, plus de mille vignerons n'accueillent pas moins de 2 500 visiteurs dans onze lieux différents. L'engouement est tel que certains, comme le château du Clos de Vougeot, doivent refuser du monde. L'événement est international (56 pays sont représentés) et hétéroclite : importateurs, restaurateurs, cavistes, sommeliers et journalistes s'y croisent.

« À chaque édition, nous nouons un contact avec au moins un nouvel importateur, assure Pascale Chicotot, du domaine du même nom.

Les visiteurs sont vraiment sélectionnés, cela n'a pas de prix. De plus, cette année, j'ai l'impression que nous avons reçu encore plus d'importateurs que d'habitude... »

DES ASTUCES POUR UNE PARFAITE ORGANISATION

- Un code couleur est attribué à chaque type de visiteur (vert clair pour les importateurs, rose foncé pour les sommeliers...). Pascale Chicotot, du domaine éponyme, apprécie beaucoup de savoir instantanément à qui elle s'adresse. « C'est bien organisé à ce niveau, car c'est très important de savoir à qui l'on a affaire. »

- Les dégustateurs ont autour du cou une pochette qui indique effectivement leur profession mais aussi le pays qu'ils représentent. Alice Rion, responsable de l'organisation au Clos de Vougeot, encourageait les visiteurs à ne pas oublier de porter cet accessoire.

- Quant aux professionnels, il leur était notamment remis un livret à spirale très pratique : lieux des manifestations du jour, domaines et vin présentés, espaces pour la prise de note... rien ne manquait.

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