Retour

imprimer l'article Imprimer

GÉRER - Interview

YANN MOREAU, FORMATEUR EN MANAGEMENT « Développez l'esprit d'équipe »

PROPOS RECUEILLIS PAR AUDE LUTUN - La vigne - n°285 - avril 2016 - page 78

Ce formateur rappelle qu'une bonne cohésion est un gage de l'efficacité d'une équipe. Quant à la motivation, elle passe surtout par la reconnaissance du travail accompli.

Yann Moreau est consultant et formateur en ressources humaines et en management dans l'Aube. Il intervient surtout en Bourgogne et en Champagne. Il aide les employeurs à améliorer le management de leurs équipes et l'organisation de leur temps de travail. Il explique comment s'y prendre.

Comment instaurer un esprit d'équipe ?

Yann Moreau : Il faut une identité et un but communs pour donner un sentiment d'appartenance à l'équipe. C'est au manager de déterminer l'objectif et le cadre pour y parvenir. Le plus simple mais aussi le plus utopique, c'est de rassembler tout le monde autour de la passion du vin. Cela peut aussi être un objectif chiffré comme doubler les ventes à l'export ou faire baisser de 5 % les coûts de production. Le cadre, ce sont les règles de vie à l'intérieur du groupe qui ne doivent pas être transgressées. Là encore, c'est au viticulteur de les fixer et de les communiquer clairement à ses salariés. Ces règles concernent la ponctualité, le respect des procédures et du périmètre d'action de chacun, l'adoption d'une attitude conviviale, etc.

En parlant de cadre, comment gérer un salarié qui se pense supérieur car il conduit parfaitement un tracteur ?

Y. M. : Il est essentiel de le recadrer tout de suite s'il fait une remarque désobligeante à un collaborateur moins expérimenté. Cet employé peut être très performant en conduite mais moins à l'aise dans d'autres domaines. Il est rare de cumuler les premières places ! Il faut rappeler à tous qu'un groupe a besoin de chacun et que le meilleur dans un domaine n'est pas plus important que les autres.

Et comment faire pour motiver ses équipes ?

Y. M. : Le viticulteur doit permettre à ses collaborateurs d'être autonomes, de se sentir compétents et intégrés au groupe. En outre, il doit développer l'envie de « travailler pour le plaisir ». Ce plaisir est de trois natures. Il y a les personnes qui aiment apprendre, celles qui aiment exécuter et enfin celles qui apprécient de travailler dans un environnement stable et protecteur. Plus le groupe confère une image positive au salarié, mieux ce dernier s'intègre, se dépasse et fait des efforts sans qu'on le lui demande. Le salaire n'est pas la seule clé de motivation.

Vous abordez l'efficacité du groupe mais aussi celle du vigneron dans son bureau. Comment peut-il mieux s'organiser ?

Y. M. : Quand j'aborde ce sujet, les viticulteurs me répondent que ce n'est pas possible car ils doivent faire face à de nombreux imprévus. Mais on peut gagner 3 heures par semaine ! Pour cela, il est primordial de planifier les tâches de la semaine le vendredi précédent. On doit aussi faire la même chose pour l'année. Chaque matin, on fait le point pour ajuster le travail de la journée. L'optimisation du temps de travail passe par l'application de méthodes pures et dures : limiter ses déplacements en ayant une photocopieuse ou une imprimante à côté de son bureau, veiller à ne pas surcharger son emploi du temps pour intégrer des imprévus, etc.

On peut aussi déléguer une partie du travail administratif...

Y. M. : Oui. On pense souvent à déléguer le travail des vignes mais pas celui du bureau. Or, conduire un enjambeur n'est pas plus facile que de prendre en charge les formalités douanières. Déléguer demande toujours du temps, au départ, pour la formation. Pour que le collaborateur progresse rapidement, il faut définir un plan d'action détaillé avec des indicateurs précis pour l'évaluer. Ce formalisme fait gagner du temps et donne de l'assurance.

Certains vignerons, qui avaient suivi votre formation en 2015, sont revenus pour une journée en janvier 2016. Quel est leur retour ?

Y. M. : Réfléchir à l'efficacité et à la motivation de leur équipe a modifié leur gestion du personnel. Ils ont compris que le relationnel est important mais qu'il faut aussi des règles claires et des limites, parfois sous-estimées dans les petites structures. Leurs collaborateurs paraissent plus impliqués dans la bonne marche de l'exploitation et ils proposent des solutions quand il y a un problème. L'organisation est plus fluide. Les viticulteurs sont des techniciens peu habitués à passer du temps pour le management. Quand ils viennent en formation, on les sent souvent sur la réserve la première heure, mais ensuite, on ne peut plus les arrêter !

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :