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éditorial

Dans la mêlée

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 5

Nouvelle confirmation du retour en grâce du vin chez les jeunes. Il a y quelques mois, FranceAgriMer constatait qu'ils se remettaient à en consommer après de longues années d'éloignement. Ce mois-ci, un cabinet d'études annonce aux viticulteurs : « Les jeunes vous aiment tels que vous êtes », après avoir sondé les 18-35 ans à la demande d'un verrier. L'image traditionnelle, artisanale et culturelle de la viticulture plaît à ce public. Elle est dans l'air du temps. Dans le tourbillon de la mondialisation et de la numérisation, elle leur offre un ancrage géographique et temporel bienvenu avec ses terroirs et ses millésimes. Mais les jeunes sont intimidés par le vin. Ils n'en connaissant pas les codes. Aux vignerons d'aller vers eux, de prendre le temps de leur faire goûter et d'expliquer leurs cuvées.

Et du temps, il en faut. Car il ne s'agit pas simplement de présenter une offre à des acheteurs potentiels, mais d'initier un public à l'univers complexe et raffiné du vin. Ce qui est une autre affaire. Ceux qui vendent lors des salons en savent quelque chose. Ils ont de plus en plus souvent affaire à des jeunes qui s'arrêtent à quantité de stands et posent de nombreuses questions pour acheter une ou deux bouteilles, en tout et pour tout. Certains s'agacent de ces comportements. D'autres y voient l'investissement qui leur incombe pour expliquer le vin et le rendre désirable.

À Nantes, des vignerons ont bien compris qu'il était vital de s'ouvrir à tous les publics, même les plus éloignés en apparence. Ils sont allés vers les amateurs de métal, cette musique hurlante qui se pare de tout un décorum macabre et gothique, pour la plus grande joie de ses fans. On pourrait penser que cette foule n'aime que la bière. Erreur. Nous l'avons constaté sur place. Nous sommes allés au bar tenu par les viticulteurs de Clisson, au coeur du Hellfest, le plus grand festival de métal et de hard-rock d'Europe. Un bar qui ne désemplit pas et où de profondes amitiés se sont nouées entre métalleux et viticulteurs. « J'aime bien l'idée que les vignerons sont là pour défendre leur travail et nous faire découvrir leur quotidien », a confié un festivalier à notre reporter. Comme quoi, aucun public n'est fermé au vin. Certains, dans notre filière, l'ont oublié. Ils se sont crus trop supérieurs à la mêlée pour y plonger.

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