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VIGNE

Machines à vendanger Retour des tractées

LUCIE MARNÉ - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 26

Le faible prix des machines à vendanger tractées, l'amélioration de leur système de conduite et la qualité de récolte qu'elles proposent boostent leurs ventes en France comme à l'étranger. Tour d'horizon.
LA MACHINE À VENDANGER TRACTÉE ALMA équipée de l'égreneur Sélecta 3.5. © M. CAILLON

LA MACHINE À VENDANGER TRACTÉE ALMA équipée de l'égreneur Sélecta 3.5. © M. CAILLON

Les vendangeuses tractées regagnent du terrain. C'est en tout cas ce que laissent entendre leurs fabricants. Interrogés par La Vigne, les trois constructeurs français, Grégoire, Alma et Pellenc, sont unanimes : leurs ventes sur ce segment repartent à la hausse. « En 2014, les tractées représentaient environ 25 % de nos ventes en volume de machines à vendanger. En 2015, leur part est passée à 35 % alors que l'ensemble de nos ventes a progressé », explique Geoffrey Delon, chef de produit chez Grégoire. Pour l'entreprise familiale Alma, leader des vendangeuses tractées, « il faut relativiser. À la fin des années 1970, nous vendions environ 250 machines tractées par an. Maintenant, nous n'en sommes qu'à une cinquantaine en France, mais c'est vrai que le marché reprend un peu », explique Véronique Arnaud, directrice générale. À noter qu'une partie des ventes perdues en France a pu être compensée à l'exportation. À ce jour, 66 % des machines Alma partent à l'export. Chez Pellenc, on préfère rester prudent et ne pas communiquer de chiffres, mais la tendance se confirme. « Ces dernières années, l'offre en tractées s'est étoffée et on constate un engouement croissant de nos clients pour ces machines », explique Philippe Loubière, directeur marketing et communication chez Pellenc.

Les raisons de cet engouement ? En premier lieu, le prix, bien sûr. « Une machine à vendanger tractée coûte environ 50 % moins cher qu'une autoportée », explique Véronique Arnaud. C'est en partie ce qui a convaincu Élie Charols, vigneron indépendant sur 32 ha, dans le Vaucluse : « J'étais prêt à investir dans une automotrice d'occasion. Finalement, mon choix s'est porté vers la G3.220 de Grégoire. Elle coûte deux fois moins cher et se conduit très facilement. Elle me permet également de mieux amortir mon dernier tracteur Fendt Vario. » Vigneron en Charente, sur une exploitation de 40 ha, Christophe Messu fait le même calcul. « Comme les machines à vendanger ne servent que pendant deux à trois semaines dans l'année, je préfère acheter une tractée qu'une automotrice. C'est beaucoup moins cher et j'amortis mieux l'achat de mon nouveau tracteur interligne Claas Nexos 230. »

Sur ce dernier point, on note en effet que bon nombre de vignerons achètent des tractées s'ils disposent de tracteurs vignerons récents. Or, selon Axema, au cours de ces cinq dernières années, les immatriculations de tracteurs pour vignes et vergers sont passées de 2 271 à 3 699 unités par an, soit une augmentation de 63 %. Pas étonnant alors d'observer une croissance des ventes des vendangeuses tractées : les vignerons disposent de tracteurs neufs et puissants pour les entraîner.

Pendant longtemps, les automotrices ont pris de l'avance en termes de maniabilité, de débit de chantier et de qualité de récolte. Sur tous ces aspects, les tractées ont rattrapé une bonne partie de leur retard. « Avec l'assistance à la conduite sur écran tactile, l'enregistrement des réglages et les caméras de recul pour faciliter les manoeuvres, nous avons amélioré la conduite », souligne Geoffrey Delon.

Pour Denis Gelot, viticulteur exploitant 30 ha dans le secteur Charentes-Cognac, le gain de temps est flagrant : « Avant, avec ma G60 qui a fait 19 campagnes, je récoltais 2,2 ha/jour. Avec la nouvelle G3.220, j'ai pu vendanger 3 ha/jour en prenant mon temps. »

Concernant la qualité de la vendange, les modèles haut de gamme de chaque marque disposent désormais de systèmes de tri et d'égrenage performants. « Je fais de la prestation pendant les vendanges. Auparavant, j'avais une automotrice sans système de tri. Depuis que j'ai installé le Selectiv' Process de Pellenc sur ma nouvelle tractée, j'ai beaucoup plus de clients », souligne Jean-Yves Dézé, vigneron indépendant qui exploite 21 ha de vignes à Souzay-Champigny (Maine-et Loire).

Pour Denis Gelot, plus besoin d'égrappoir : « J'en avais un, mais quand il est tombé en panne, je n'ai pas jugé nécessaire de le remplacer. Sur ma machine G3 de base sans trieur, les deux souffleurs positionnés sur les convoyeurs permettent déjà d'obtenir une vendange de qualité. »

Autre point mis en avant par bon nombre de vignerons : l'entretien des machines tractées, plus facile que celui des automotrices. Beaucoup se disent capables de faire nombre de réparations. « Et la révision d'une tractée coûte bien moins cher que celle d'une automotrice », assure Élie Charols. Pas sûr qu'avec toute l'électronique apportée par Grégoire et Pellenc sur leurs nouveaux modèles, l'entretien reste une partie de plaisir pour tous les vignerons...

Grégoire G3.220

Facile à conduire

Sortie fin 2014, la machine à vendanger Grégoire G3.220 a rencontré un vif succès. Avec son système d'aide et d'assistance à la conduite, Grégoire a réussi à simplifier la tâche des chauffeurs. Ainsi, la nouvelle pompe hydraulique Load Sensing adapte le débit hydraulique dans les moteurs des roues en fonction du terrain, notamment dans des parcelles en pente. Un simple réglage de la pression souhaitée par le vigneron sur la pompe hydraulique suffit, avant d'aller récolter une parcelle. Puis un écran tactile en couleurs permet d'effectuer les différents réglages de la machine et de visualiser en temps réel le remplissage des bennes. L'ensemble des paramètres peut être mémorisé. De plus, la séquence des opérations de bout de rang (mise en route des secoueurs, des convoyeurs, des extracteurs, etc.) s'enchaîne automatiquement. Le vigneron n'a plus qu'à appuyer sur un seul bouton, la machine se décale automatiquement dans l'alignement du rang et démarre l'ensemble du système de récolte. Enfin, une caméra située à l'arrière de la machine facilite la conduite en marche arrière et le vidage des trémies dans la benne à vendanger. Ainsi, dès que le viticulteur active le mode « vidage », l'image transmise par la caméra s'affiche automatiquement sur l'écran de bord tactile.

Pour plus de sécurité, une plateforme de lavage facile d'accès a été installée au-dessus des trémies. La machine à vendanger G3.220 est utilisable pour des vignobles présentant des interlignes de plus de 1,50 m.

Alma Sélecta 3

Robuste et fiable

En 2014, Alma a mis sur le marché la Sélecta 3. Cette nouvelle gamme, utilisable pour des inter-lignes à partir de 1,40 m, vient remplacer la Sélecta 2 et se décline en cinq versions, allant de la machine standard munie d'un déversoir simple sans aspirateur au niveau des trémies, à la version 3.5 qui possède tout un système d'égrenage et d'évacuation des rafles, une première pour les vendangeuses Alma. L'entreprise se targue de vendre des machines simples et robustes, facilement réglables et réparables par les utilisateurs. Dans ce but, le fabricant a fait le choix de minimiser l'électronique.

Pour la manipulation de la vendangeuse, un joystick en cabine active la marche avant ou arrière, et régle le dévers, la fréquence et le démarrage des secoueurs. En revanche, la vitesse des aspirateurs bas et haut se règle à l'aide de molettes graduées situées à l'arrière de la machine. À la différence de ses concurrents, la Sélecta ne dispose pas de système de séquençage des opérations en bout de rang. Il faut donc lancer successivement la prise de force, puis les tapis convoyeurs, l'égrappoir et les bras de battage avant de débuter la récolte à chaque rang.

Une des nouveautés de cette gamme Sélecta 3 porte sur le tapis de réception de la vendange, plus large et moins profond que celui du modèle précédent. Cette configuration facilite le nettoyage de la vendange par les aspirateurs et permet d'éviter le transport des feuilles et des branches vers les bennes. Pour le lavage des cuves, une petite plate-forme sécurisée a été fixée en haut de la machine.

Pellenc gamme 8090

Un tri au top

Pellenc propose quatre modèles de machines à vendanger tractées dans sa gamme 8000 :

- la 8030 en entrée de gamme, disposant de réglages mécaniques ;

- la 8035, pour un travail en pente jusqu'à 30 % ;

- la 8050 et la 8090, deux modèles haut de gamme intégrant davantage d'électronique.

Tous les modèles de la série 8000 disposent de deux bennes pouvant contenir au total jusqu'à 30 hl et d'un vidage des cuves jusqu'à 3 m de hauteur. Sur les modèles 8050 et 8090, le dispositif électronique Easy Smart permet d'effectuer tous les réglages en cabine depuis l'écran tactile et de mémoriser dix réglages différents de l'ensemble : pincement, fréquence et amplitude de secouage. Un dispositif qui réduit les pertes de temps entre deux parcelles de cépage ou de maturité distincts.

L'égreneur Selectiv'Process est disponible sur le modèle 8090. Avec ce système, Pellenc promet un taux de propreté de la vendange de 99,8 %. Par ailleurs, pour faciliter les manoeuvres, certains concessionnaires proposent des caméras à installer sur la machine à vendanger : une à l'arrière pour suivre le vidage des cuves dans la benne à vendange, une deuxième orientée vers le rang de vigne pour surveiller le travail en cours, et deux autres au niveau des cuves pour vérifier le remplissage et la qualité de la vendange récoltée. Ces caméras sont d'habitude proposées en option sur les machines automotrices, mais s'adaptent parfaitement sur les modèles tractés.

Les machines à vendanger de la série 8000 conviennent pour une largeur de plantation à partir de 1,40 m pour la 8050, 1,50 m pour la 8090 et 1,70 m pour la 8030.

Le Point de vue de

ÉLIE CHAROLS, 32 HA, À SABLET (VAUCLUSE), UTILISATEUR DU G3.220 DEPUIS 2015

« Nous avons gagné en confort de conduite et en qualité de récolte »

 M. CAILLON

M. CAILLON

« L'an dernier, j'ai effectué ma première campagne de vendange avec une G3.220 2 x 16 hl équipée d'un trieur CleanTech. Auparavant, j'avais une G1. Ses bras de battage étaient plus courts. Nous étions obligés d'avancer moins vite ou d'augmenter la fréquence de battage, ce qui pouvait endommager les ceps de vigne. Avec la nouvelle machine, on a gagné en confort de conduite et en qualité de récolte. Maintenant, je contrôle tout depuis l'écran tactile en cabine, même le remplissage des cuves ! Je peux enregistrer les réglages sur plusieurs pistes prévues sur le tableau de bord. Comme j'ai un parcellaire très morcelé avec différents cépages, ça m'évite de perdre du temps à régler le pincement des bras ou la fréquence de battement entre chaque parcelle. Toutes ces automatisations sont des petits détails qui font gagner beaucoup de temps, au final. Concernant la vitesse d'avancement, le constructeur prévoit jusqu'à 3,5 km/h, mais je préfère rouler entre 2,5 et 3 km/h. Je peux tout de même vendanger 3 à 4 ha par jour en prenant mon temps. Par ailleurs, comme pour toutes les machines à vendanger, il ne faut pas négliger l'entretien. En général, je passe 45 min pour le lavage de la machine et je prends 30 min pour le graissage. Cela permet de lubrifier les roulements et d'évacuer l'eau stagnante pour éviter la rouille. »

Le Point de vue de

BRUNO ROSIER, 30 HA À CHANTEMERLE-LÈS-GRIGNAN (DRÔME), UTILISATEUR DU NOUVEAU SÉLECTA 3.5

« Je peux faire la plupart des réparations moi-même »

 M. CAILLON

M. CAILLON

« Le siège d'Alma est à 8 km de chez moi seulement. Je peux donc tester leurs machines au fur et à mesure de leur conception. Quand j'ai essayé les premières tractées de la série Sélecta 3, j'ai tout de suite proposé d'ajouter un trieur. Certes, l'aspiration permettait de se débarrasser des feuilles, mais il manquait un système pour évacuer les branches qui tombait dans les cuves à vendange. Maintenant, avec le trieur, le tri et l'égrenage sont très satisfaisants. J'ai effectué une campagne de vendange avec la Sélecta 3.5 attelée à mon tracteur Lamborghini 100 ch. Cette machine est facile d'utilisation. Je règle juste la vitesse d'avancement du tapis et la fréquence de battement des bras de battage. En général, je prévois 410 coups/min pour le viognier et 370 coups/min pour la syrah dont les baies, plus grosses, tombent facilement. En pratique, quand je change de parcelle, je teste la machine sur 5 à 10 m et je vois tout de suite si je dois accélérer ou ralentir le battement. J'ai toujours eu des vendangeuses Alma. Ces machines durent longtemps et ne coûtent pas très cher. De plus, contrairement aux autres, elles n'ont pas du tout d'électronique. En cas de panne, je peux donc faire la plupart des réparations moi-même. Et dans le cas contraire, elles ne sont pas très coûteuses. »

Le Point de vue de

JEAN-PAUL ALBERT, DOMAINE LABARTHE (TARN), 68 HA, UTILISATEUR DE LA PELLENC 8090, MUNIE DU SELECTIV' PROCESS

« Je consomme 2 fois moins qu'avec une automotrice »

 M. CAILLON

M. CAILLON

« Pour moi, c'est la qualité de la vendange qui prime. J'utilise la Pellenc 8090 avec l'égreneur Selectiv' Process depuis deux ans. Je trouve que c'est le meilleur trieur du marché. J'avais une machine automotrice New Holland avant celle-ci, mais maintenant, avec toute cette électronique, c'est une usine à gaz pour conduire une automotrice ! En plus, depuis que j'ai la machine à vendanger tractée, je consomme deux fois moins de gasoil et la conduite est très facile. J'estime économiser environ 10 000 € par an depuis que j'ai acheté cette tractée. Contrairement à ce que l'on entend souvent, les machines à vendanger tractées sont robustes. Elles durent longtemps et peuvent travailler sur de grandes surfaces. Je fais de la prestation. Au total, je vendange environ 130 ha chaque année. Pour le moment, je n'ai eu aucun problème. Par ailleurs, je travaille en bio depuis peu, donc je préfère avoir plusieurs tracteurs vignerons qu'un seul porteur, ce que j'aurais pour la même somme. Avec trois tracteurs, je tracte plus d'outils. Je suis beaucoup plus réactif, notamment pour les traitements. Concernant les vendanges, le débit de chantier est maintenant le même entre une tractée et une automotrice. Avec ma vendangeuse tractée, je peux rouler jusqu'à 6 km/h dans les vignes. C'est énorme, quand je vois que j'avançais à 1,1 km/h avec ma vendangeuse tractée il y a 35 ans ! »

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Grégoire G3.220.

 © GRÉGOIRE

© GRÉGOIRE

Fiche technique

- Volume des cuves : 2 x 12 hl ou 2 x 16 hl

- Largeur de la machine : 2,71 m (modèle bennes de 12 hl)

- Largeur minimum de plantation : 1,50 m

- Hauteur max. de vidage : 3 m

- Dévers : jusqu'à 25 %

- Prix : environ 85 000 € HT

- Option CleanTech : +20 000 €HT

L'avis des utilisateurs

Le + Prise en main très intuitive et conduite simplifiée.

Le - Plus lourde que les autres modèles tractés.

Alma Sélecta 3.5

 M. CAILLON

M. CAILLON

Fiche technique

- Volume des cuves : 2 x 15 hl

- Largeur de la machine : 2,50 m

- Largeur minimum de plantation : 1,40 m

- Hauteur maximum de vidage : 3,15 m

- Dévers : Jusqu'à 34 %

- Prix : environ 100 000 € HT

L'avis des utilisateurs

Le + Machine robuste et au fonctionnement simple.

Le - Le système d'égrenage ne retire pas les pétioles de la vendange.

Pellenc 8090

 M. CAILLON

M. CAILLON

Fiche technique

- Volume des cuves : 2 x 15 hl

- Largeur de la machine : 2,55 m

- Largeur minimum de plantation : 1,50 m

- Hauteur maximum de vidage : 2,88 m

- Dévers : jusqu'à 25 %

- Prix : à partir de 110 000 € HT

L'avis des utilisateurs

Le + Système d'égrenage et de tri de la vendange efficace.

Le - Les secoueurs peuvent avoir tendance à accrocher les bras morts au risque d'arracher parfois les ceps.

L'essentiel de l'offre

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