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éditorial

Remise en cause

PAR BERTRAND COLLARD,RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°289 - septembre 2016 - page 5

Quelle année ! On aura tout eu : du gel, un excès de pluie au printemps avec son lot de mildiou, de la grêle et maintenant une sécheresse qui empêche les baies de grossir quand elle ne les grille pas. Il ne manquerait plus qu'un automne pluvieux, et la branche de l'agriculture qui se porte le mieux aujourd'hui serait dans les mêmes difficultés que les autres.

Il y a tant à dire sur une saison aussi exceptionnelle. D'abord que nous restons à l'évidence tributaires des aléas climatiques, malgré tous les progrès réalisés en matière de protection et de nutrition des plantes. Si ces aléas ne peuvent être maîtrisés, au moins faudrait-il mieux les prévoir. Ce printemps, des vignerons auraient contrôlé plus efficacement le mildiou s'ils avaient eu des prévisions météo plus précises. Nous avons grand besoin de savoir avec exactitude quand, où et en quelle quantité tomberont les précipitations annoncées.

Après l'excès d'eau, le manque. La sécheresse prononcée que nous subissons doit faire évoluer le regard encore méfiant porté sur l'irrigation en viticulture. Dans bien des cas, y compris en AOC et en dehors du Midi, elle devient indispensable à la régularisation des rendements et de la maturation. Les erreurs commises par le passé ne peuvent plus être brandies comme un épouvantail pour empêcher son développement.

Cette sécheresse doit aussi nous interroger sur l'esprit malthusien qui imprègne trop fortement notre vignoble, lui faisant voir comme un soulagement la perspective d'une petite récolte. Dans le Languedoc, les premières apparitions de stress hydrique ont détendu l'atmosphère. Elles se sont manifestées alors que les marchés donnaient des signes de faiblesse. Au moins, s'est-on dit, le stock de 2015 partira et on vendra le millésime 2016 sans difficulté et à bon prix. Cette année, peut-être. Mais l'an prochain, sûrement pas.

Dans un monde fermé, les acheteurs doivent se contenter de ce que les producteurs ont à leur vendre. Dans un monde ouvert comme le nôtre, ils vont voir ailleurs. Ce qu'ils ne trouvent pas en France, ils l'obtiennent en Espagne, en Italie ou ailleurs. La viticulture est hantée par la surproduction pour l'avoir trop vécue. Il ne faudrait pas que par excès de prudence, elle s'installe dans la sous-production.

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