Vers une très petite récolte

Peu de vignerons feront le plein. Après le gel, la grêle et le mildiou, la sécheresse plombe les volumes.

Le volume de récolte estimé par le ministère de l'Agriculture au 22 août : 42,9 millions d'hectolitres. Soit 10 % de moins que l'an passé et 7 % de moins que la moyenne de ces cinq dernières années. Et cette estimation risque encore de baisser.

Dans le Languedoc-Roussillon, le ministère annonce 12,4 Mhl (millions d'hectolitres). Or, « le poids des baies est inférieur de 10 à 15 % à l'an passé. Ce sont les plus petites de ces sept dernières années », note Jacques Rousseau, de l'ICV, qui table sur 11 Mhl seulement. Les rendements en jus sont si faibles que nombre de caves s'attendent à une catastrophe au vu des premiers chardonnays et sauvignons récoltés. En cause : la sécheresse qui sévit dans l'Aude et l'Hérault. Pour aggraver le tout, un épisode de grêle a touché plus de 2 000 ha dans l'Hérault, le 17 août (voir encadré).

La Provence est aussi marquée par un fort déficit hydrique. Thomas Benard, d'Aix Œnologie, prévoit un potentiel inférieur de 20 % à celui de l'an passé. Même chose dans la vallée du Rhône. « Dans le nord, ça devrait aller. Mais dans le sud, nos prélèvements montrent des rendements en jus inférieurs de 20 % », indique Olivier Roustang, de Rhône-Œnologie.

En Champagne, l'interprofession mise sur 7 500 kg/ha seulement de rendement moyen. « Un tiers de la récolte est à terre : 15 % en raison du gel et de la grêle, 15 % à cause du mildiou et 2 à 3 % du fait de l'échaudage », détaille Sébastien Debuisson, du Comité Champagne. L'Aube paie le plus lourd tribut aux caprices du climat. « En avril, on a subi un premier épisode de gel qui a quasiment anéanti 4 000 ha dans la Côte des Bar, suivi d'un deuxième épisode la semaine d'après. Puis on a eu une très forte pression de mildiou et, pour finir, de l'échaudage qui a fait perdre jusqu'à 1 000 kg/ha. En moyenne, on estime la récolte à 5 000 kg/ha. Mais des viticulteurs n'auront que 1 500 à 2 000 kg/ha. Cette année, le coût de revient du raisin à la vendange s'élève à 1 €/kg contre de 0,4 à 0,50 € habituellement », témoigne Patrick Vignez, le directeur amont de l'Union auboise.

La Touraine a aussi souffert. Gel, mildiou, sécheresse et échaudage : les calamités se sont accumulées. Fin août, Anne Buchet, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, a évalué la perte de potentiel à 40 % : « Certains vont faire le plein, d'autres ne vendangeront pas. » À Cheverny, Daniel Tevenot, le président de l'ODG, s'attend, lui, à une demi-récolte pour son appellation. « Des exploitations ne passeront sûrement pas la machine à vendanger. Elles récolteront à la main le peu de grappes qui subsistent. »

Dans le Centre, les vignerons ne feront pas non plus le plein. « En moyenne, les rendements seraient inférieurs de 20 à 25 % par rapport à la normale », estime Fabrice Doucet, le directeur de la Sicavac, à Sancerre (Cher).

Quelques régions sont mieux servies. En Alsace, la récolte devrait être supérieure à celle de 2015. Mais, « à cause du mildiou, il n'y a que 30 hl/ha dans certaines parcelles », rapporte Marie-Noëlle Lauer, de la chambre d'agriculture. Même tableau à Bordeaux où le potentiel s'annonçait satisfaisant fin août excepté pour certains viticulteurs qui ont eu du mal à maîtriser le mildiou. Dans le Beaujolais, l'exception, ce sont les parcelles qui ont été grêlées dans les crus.