« C'est un projet explosif et révolutionnaire », indique d'emblée Éric Thirouin, le président de la commission environnement de la FNSEA. Le gouvernement se prépare en effet à restreindre très sévèrement les traitements phyto, y compris bio. Il veut instaurer des zones non traitées (ZNT) non seulement le long des cours d'eau, comme aujourd'hui, mais aussi en bordure des fossés, des haies, des bosquets, des forêts et des habitations. Le 3 octobre, le gouvernement a soumis un projet d'arrêté à la FNSEA, long de dix-neuf pages, prévoyant une ZNT de 5 à 20 mètres des habitations, selon les produits. « Ces nouvelles dispositions engendreraient une perte de 4 millions d'hectares toutes cultures confondues, soit 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires », insiste Éric Thirouin. Deuxième point qui hérisse la profession : le calcul de la vitesse du vent pour savoir s'il est permis ou non de traiter. Le précédent arrêté encadrant les traitements, annulé par le Conseil d'État cet été, n'était pas suffisamment précis sur le sujet. Le nouveau texte prévoit que les agriculteurs mesurent la vitesse du vent pendant dix minutes à la hauteur de leurs cultures avec un anémomètre. Ils ne pourront traiter que si cette vitesse est inférieure à 19 km/h. Une mesure qui s'avérerait périlleuse pour les arboriculteurs obligés de grimper à la cime de leurs arbres. « La réunion du 3 octobre s'est très mal passée. Non seulement, le ministère de l'Agriculture a défendu son texte, mais en plus les ministères de la Santé et de l'Environnement ont voulu le durcir. » De nombreuses actions sont prévues pour obtenir un arrêté acceptable.