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DOSSIER - Vins de France : et pourtant ils en vivent !

Aude 30 ha rentables

La vigne - n°290 - octobre 2016 - page 21

Près de Carcassonne, Yves Delmas ne produit que des vins de France sur ses 30 ha et y trouve son compte.
YVES DELMAS s'est lancé dans les vins de France avec succès. Un choix qu'il assume pleinement. © L. LECARPENTIER

YVES DELMAS s'est lancé dans les vins de France avec succès. Un choix qu'il assume pleinement. © L. LECARPENTIER

Yves Delmas ne craint pas la diatribe. Il a été l'un des rares viticulteurs languedociens à accepter sans hésiter de témoigner sur la conversion de son vignoble en VSIG, sujet pourtant hautement sensible dans la région. Les crispations de la profession, il n'en a cure. Depuis sept ans, il est un producteur décomplexé de vins de France. « C'est rentable », affirme-t-il, chiffres à l'appui. Jusqu'en 2009, il produisait des vins de Pays d'Oc sur ses 30 ha de vigne. C'est à la demande de son seul et unique client qu'il a basculé l'ensemble de sa production en vins de France.

Son vignoble est planté de cabernet-sauvignon, merlot, chardonnay et sauvignon. Situé sur des sols argileux-calcaires, il produit 120 à 135 hl/ha selon les parcelles, non irriguées mais bien fertilisées. Yves Delmas y apporte 600 kg/ha de Patentkali (180 U K2O) et 300 kg/ha de perlurée (138 U d'azote) en passant tous les rangs. « Ce la représente deux jours de travail, mais la fumure est mieux répartie qu'en passant tous les deux rangs », assure-t-il.

Depuis 2007, il est passé à la taille mécanique en adaptant le mode de conduite : il a monté les vignes en espalier sur trois fils de fer : un fil porteur et deux fils releveurs devenus fixes. Avec une machine qu'il a lui-même mise au point, il réalise en un passage la taille et le broyage des sarments à raison d'un hectare en moins de trois heures. Il n'a plus besoin d'attacher les baguettes, ni de relever les fils. Avant cette mécanisation, ils étaient trois à travailler la vigne, aujourd'hui, ils ne sont plus que deux.

La machine qu'il a mise au point est aujourd'hui commercialisée. « Elle coûte 25 000 € à l'achat. Sur 25 ha, elle est amortie dès la première année », affirme le vigneron. Le gain de temps n'est pas le seul avantage de la taille mécanique : elle provoque une hausse des rendements, sans pour autant les faire exploser. « Et s'il le faut, je peux maîtriser la production avec l'éclaircissage chimique », explique-t-il.

Avec ces changements, Yves Delmas a pu oberver une plus grande régularité de récolte. Les souches sont plus aérées et les grappes mieux réparties le long de la végétation. « Il y a moins de contamination d'une grappe à l'autre et moins de maladies de bois. »

Autre avantage d'une production en vin de France : la fin des insomnies liées aux agréments. La vinification est également simplifiée, puisque son client lui demande une seule qualité en rouge et une autre en blanc. Il n'est donc plus tenu de vinifier les cépages séparément. Pour la dernière récolte, il a valorisé ses vins pratiquement au prix des IGP : 72 €/hl en rouge, près de 100 €/hl en blanc. À ces prix, pas de doute, l'affaire est rentable.

Cet article fait partie du dossier Vins de France : et pourtant ils en vivent !

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