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VIGNE

La flavescence dorée sous l'oeil des drones

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°292 - décembre 2016 - page 46

Des organismes testent des drones qui détectent la flavescence dorée pour réduire le temps passé en prospection. Les premiers résultats sont encourageants.
L'UTILISATION DE DRONES pour repérer les pieds malades semble à la fois plus rapide et moins coûteuse que la prospection à pied. ©C.THIRIET

L'UTILISATION DE DRONES pour repérer les pieds malades semble à la fois plus rapide et moins coûteuse que la prospection à pied. ©C.THIRIET

Prospecter les vignes à la recherche du moindre pied suspect est indispensable pour lutter contre la flavescence dorée. Mais cela demande une forte mobilisation des vignerons. Dans les Bouches-du-Rhône, ils inspectent ainsi 10 000 ha de vignes à pied en passant un rang sur deux. Un chantier colossal. « Cela mobilise 500 personnes pendant deux mois. Et pour les aider, nous recrutons dix encadrants », explique Sébastien Attias, de la chambre d'agriculture. Tout ceci a un coût que les professionnels veulent réduire. Comment ? En utilisant les drones.

« Nous avons travaillé avec deux types d'appareils : un drone classique équipé d'une caméra optique et l'autre en multispectral. Le premier prospecte un hectare en 10 à 12 minutes, le deuxième en seulement 3 à 4 minutes. Mais comme le prix du premier est plus accessible, c'est celui que nous avons retenu », explique Sébastien Attias.

Les expérimentateurs ont fait voler le drone sur 40 ha : 20 ha très infestés, 10 ha moyennement infestés et 10 ha sains. Quelques jours plus tard, ils ont prospecté ces vignes à pied. Les résultats sont encourageants. « On a observé 80 à 90 % de concordance entre les observations du drone et les nôtres. Les différences sont liées au fait que, parfois, les symptômes se situaient sous le feuillage ou qu'ils n'étaient pas encore apparus le jour du vol », précise Sébastien Attias.

Fabrice Genit, directeur du Ceema (Centre d'études et d'essais pour modèles autonomes) qui a mené les expérimentations, confirme l'intérêt du drone. « Notre méthodologie combine un drone professionnel à bas coût, une application d'échange de données en temps réel et des algorithmes pour détecter la flavescence dorée dans le rayonnement visible. Avec cette solution, en une journée, on prospecte quatre à cinq fois plus de surface qu'à pied et on peut détecter potentiellement plus de pieds symptomatiques. » En effet, lorsqu'on inspecte des surfaces importantes à pied, la vigilance des prospecteurs baisse au bout de quelques kilomètres. Le drone pallie cette difficulté.

Prospecter au bon moment

Dans deux zones, les expérimentateurs ont fait voler le drone plusieurs fois au-dessus des mêmes parcelles à différentes périodes. Ils ont alors constaté que les symptômes sortaient de manière échelonnée. Ainsi, lors d'un premier passage, fin août, le drone n'avait décelé aucun pied malade car les symptômes ne s'étaient pas encore exprimés. Mais quinze jours plus tard, il a relevé plusieurs pieds suspects dans la même parcelle. « Grâce à ce travail, nous savons que dans certaines zones, démarrer les prospections fin août, c'est un peu tôt », précise Sébastien Attias.

Quand le drone géolocalise les ceps suspects, un technicien va prélever des feuilles en vue d'une analyse qui confirmera ou non le diagnostic. Vu ces résultats, les Bouches-du-Rhône utiliseront le drone plus largement en 2017.

En Charentes, la coopérative Océalia (issue de la fusion entre Charentes Alliance et Coréa) travaille sur le sujet depuis 2013 en partenariat avec Airinov. Mais l'outil n'est pas encore opérationnel. « Le taux d'erreur est encore trop important », indique Kévin Larrue, d'Océalia.

Plusieurs maladies d'un coup

Avidordrone, société basée dans le Tarn-et-Garonne, proposera dès l'an prochain une prestation de cartographie de la flavescence dorée, pour environ 40 €/ha. « Nous travaillons avec SkySquirrel, une société canadienne qui a développé un drone capable de détecter plusieurs maladies de la vigne dont la flavescence dorée et l'esca. Les tests que nous avons effectués chez des producteurs de Bordeaux, de Rhône-Alpes et du Languedoc-Roussillon sont prometteurs », explique Jean-Luc Ducret, président d'Avidordrone. Les résultats seront livrés aux viticulteurs sous la forme de cartes numériques sur lesquelles les pieds suspects apparaîtront en rouge.

En Bourgogne, un projet ambitieux

En Bourgogne, la détection de la flavescence dorée à l'aide de drone est également l'objet du projet Damav. Porté par la société Novadem, il a démarré officiellement en 2015. Doté d'un budget de 1,7 million d'euros pour 36 mois, il inclut de nombreux partenaires (BIVB, Airbus, Global Sensing Technologies, AgroSup Dijon...). Des tests préliminaires effectués à partir de 2013 ont montré que le drone pouvait détecter la différence de coloration des feuilles. Mais l'objectif est d'aller plus loin. « On veut voir s'il peut distinguer les symptômes de la flavescence dorée des autres maladies et même du bois noir », explique Corinne Trarieux, responsable de la coordination technique au BIVB qui participe au projet. Pour l'instant, les travaux n'ont pas abouti.

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