En 2014 et 2015, un consortium d'organismes (Institut français du vin, chambre d'agriculture 71, Grab et Adabio) a testé des huiles essentielles contre le mildiou dans le cadre d'un projet coordonné par l'Itab. Ils ont employé des essences d'origan, de thym, de girofle et d'eucalyptus, concentrées à 0,2 %, associées à du cuivre à faible dose (100 g/ha de Cu métal) et à un adjuvant. Ils ont comparé ces mélanges à du cuivre seul à dose réduite (100 g/ha) et à du cuivre à dose pleine (400 g/ha).
Au total, dix essais ont eu lieu en Saône-et-Loire, à Bordeaux, en Savoie, dans le Tarn et dans la vallée du Rhône méridionale. En règle générale, entre huit et dix traitements ont été réalisés, dans la limite de 4 kg/ha/an de cuivre.
À l'arrivée, ces essais ne montrent pas de différence significative entre les huiles associées au cuivre à dose réduite et le cuivre seul à dose réduite. « L'apport des huiles essentielles n'est pas démontré : le cuivre à dose réduite permet déjà à lui seul une bonne protection », explique Nicolas Aveline, ingénieur à l'IFV, qui a compilé ces essais. Quant au cuivre à dose pleine, il offre la meilleure protection.
Autre constat : les meilleures huiles essentielles ne sont pas les mêmes selon les sites. Néanmoins, celle de thym semble plus constante que les autres avec lesquelles on a observé des réductions d'attaque dans certains essais et des attaques plus importantes qu'avec le cuivre à demi-dose dans d'autres.
Les prochaines recherches s'attacheront à étudier la composition des huiles essentielles, pour comprendre à quoi tient leur efficacité. Les expérimentateurs veulent aussi tester différentes formulations pour trouver celles qui protègent et solubilisent le mieux les huiles essentielles.
Yves Dietrich, viticulteur à Scherwiller (Bas-Rhin), 18 ha en biodynamie « À utiliser avec parcimonie »
« Depuis 2013, je teste des huiles essentielles, avec l'Inra. Mon objectif : réduire les doses de cuivre et de soufre. Dans une parcelle de riesling très sensible à l'oïdium, j'applique moitié moins de cuivre et de soufre que sur le reste de mon exploitation, soit, pour le cuivre, environ 500 g/ha/an contre 1 kg/ha/an, en moyenne. Sur cette parcelle, j'ajoute de la propolis et des huiles essentielles d'orange douce et de pépins de pamplemousse à ma bouillie. Ce programme a donné des résultats satisfaisants, sauf en 2015, année de forte pression d'oïdium où j'ai dû remettre autant de soufre qu'ailleurs. Les huiles essentielles sont à utiliser avec parcimonie et à très faible dose. En 2011, j'ai fait un premier test avec des huiles essentielles sur trois parcelles où je n'ai appliqué ni soufre, ni cuivre. L'efficacité a été bonne. Mais j'avais mis de trop fortes doses. Quinze jours avant les vendanges, toutes les feuilles sont tombées. Heureusement, j'ai pu vendanger en crémant pour lequel la maturité était atteinte. »