L'année 2017 démarre sur les chapeaux de roues. Le 3 avril, dans le Gard, les chardonnays les plus précoces présentaient entre quatre et six feuilles étalées et les grenaches, trois à cinq feuilles étalées. Exceptionnel à cette date. « Je n'avais jamais vu une telle précocité en vingt ans. On a au moins deux semaines d'avance par rapport à l'an passé », s'exclame Bernard Genevet, de la chambre d'agriculture du Gard. Même chose dans le Vaucluse. « Nous sommes en moyenne au stade deux à trois feuilles étalées. Nous avons une dizaine de jours d'avance par rapport à 2016 qui était déjà une année précoce. C'est le débourrement le plus précoce de ces douze dernières années », note Éric L'Helgoualch, de la chambre d'agriculture.
Dans le Var, la végétation était aussi bien développée avec une avance d'une semaine à dix jours comparée à la moyenne pluri-annuelle. Dans les Pyrénées-Orientales, les parcelles les plus avancées atteignaient le stade « boutons floraux agglomérés ».
Au Nord, les vignes n'avaient pas encore reverdi comme dans le Midi. Mais elles étaient malgré tout bien avancées pour la saison. « Les températures moyennes de février et de mars ont été largement excédentaires, avec quasiment 2 °C de plus que les normales saisonnières. Dans la Côte, pour le chardonnay, le débourrement est en cours avec des stades allant de "pointe verte" à "éclatement du bourgeon". Pour le pinot noir, les stades oscillent entre "bourgeon dans le coton" et "pointe verte". 2017 commence sur les mêmes bases que 2011 et 2014. On note quinze jours d'avance par rapport à l'an passé », rapporte Benoît Bazerolle, de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or.
En Alsace, le 3 avril, le débourrement était également en cours pour le gewurztraminer et le chardonnay. « Nous n'avions pas prévu une telle précocité, reconnaît Marie-Noëlle Lauer, de la chambre d'agriculture. Et, les choses vont encore s'accélérer car les températures sont douces. » Dans le Muscadet, les vignes étaient au stade « éclatement du bourgeon », voire « une feuille étalée » dans les secteurs les plus précoces. « Ça débourre bien et régulièrement », expliquait Nadège Brochard-Mémain, de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique.
Cette précocité a pris de court bien des vignerons. « Certains n'ont pas fini de tailler. D'autres sont encore en train d'arquer. Sur les cépages les plus précoces, l'opération est devenue délicate. Il faut faire preuve de doigté pour éviter de casser les bourgeons. En plus, comme il fait sec, les baguettes manquent de souplesse, ce qui accentue le risque de casse », rapporte Marie-Noëlle Lauer. Même chose en Bourgogne. « À 98 %, la taille est terminée mais l'opération a été plus compliquée à cause du gel de l'an passé. Actuellement, le pliage est en cours. Et il y a encore beaucoup à faire », expliquait Benoît Bazerolle.
Dans le Centre, les travaux se bousculaient également. « Il y a encore de nombreuses vignes à plier. Les vignerons sont aussi en train de se faire déborder pour l'entretien des sols car l'herbe pousse très vite. D'habitude, à cette période, ils réparent également le palissage. Cette fois, beaucoup n'auront pas le temps de le faire », rapportait François Dal, de la Sicavac, à Sancerre.
Autre conséquence dans le Sud : les vols d'eudémis ont démarré très tôt. « Autour du 20 mars, ce qui est très précoce », rapporte Éric L'Helgoualch, dans le Vaucluse, qui, le 3 avril, s'attendait à voir les premières pontes. Dans les zones protégées par confusion sexuelle, les vignerons ont donc dû accélérer la pose des diffuseurs.
Dans le Midi, début avril, il était aussi question des premiers traitements. « La protection contre l'oïdium démarre doucement sur le chardonnay. Et depuis dix jours, nous avons des conditions favorables au mildiou et au black-rot. Il va aussi falloir penser à la protection vis-à-vis de ces parasites lors des prochaines pluies », explique Bernard Genevet, dans le Gard.
Dans le Var, les conseillers s'attendaient aussi à des premières contaminations de mildiou à cause d'un épisode pluvieux conséquent autour du 25 mars. « En zone précoce, on pourrait observer les premiers foyers autour du 15 avril », explique Marine Balue, de la chambre d'agriculture. À surveiller.