C'est bien malencontreusement que La Vigne a soulevé un lièvre. Dans notre dernier numéro, nous avons publié un reportage sur le Polyter, hydrorétenteur développé et commercialisé par la société PODG Développement, créée et dirigée par Philippe Ouaki Di Giorno. Nous avons également cité un autre produit : Agrosoil de la société Agrotech. Grâce à la vigilance d'un de nos lecteurs, nous avons découvert, après publication, que l'homologation de ces deux produits était limitée aux seules cultures non alimentaires. Ils ne sont donc pas autorisés pour la vigne. Une information que les deux dirigeants de ces sociétés se sont bien gardés de nous donner.
Les viticulteurs que nous avons fait témoigner étaient, eux aussi, bien loin de se douter que le produit n'avait pas les autorisations nécessaires. Pour le Polyter, la décision a été prise le 11 décembre 2012 par le ministère de l'Agriculture à la suite d'un avis de l'Anses. Elle stipule que le Polyter n'est pas autorisé sur les cultures alimentaires « au motif de l'absence de données sur les résidus dans les denrées ». Particulièrement visé : le polymère de polyacrylamide dont on ignore le devenir dans le sol, les risques pour l'environnement et les effets de sa persistance. Les pouvoirs publics considèrent également qu'il n'a pas été démontré que le produit ne se retrouvait pas dans les raisins.
Pour y voir clair, l'Anses a réclamé des études complémentaires. En réponse à cette demande, le dirigeant de Polyter affirme avoir déposé en février 2017 un dossier complet avec des analyses réalisées par des laboratoires accrédités Cofrac prouvant que son produit se dégrade dans le sol et qu'il ne migre pas dans les raisins. L'Anses a bien accusé réception de ce dossier mais, à ce jour, n'a pas validé son contenu. « Aucune décision de modification de l'AMM (autorisation de mise sur le marché) n'a été prise », confirme l'Anses. Jusqu'à nouvel ordre, Polyter n'est donc pas autorisé en viticulture.