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VIGNE

Dépérissement 2017. Trop d'esca !

ALEXANDRE ABELLAN - La vigne - n°301 - octobre 2017 - page 48

Les symptômes de l'esca sont en augmentation. Les caprices météorologiques de 2017 n'y sont pas pour rien.
L'ESCA s'est fortement exprimé cette année. © C. THIRIET

L'ESCA s'est fortement exprimé cette année. © C. THIRIET

Ce millésime 2017 n'aura pas épargné le vignoble français : outre le gel, la coulure et les stress hydriques, les maladies du bois se sont également abattues sur lui. Et les attaques sont de taille ! À Cognac, l'interprofession a estimé à plus de 10 % les ceps touchés au moment de la véraison. Depuis le début des comptages en 2001, il s'agit de la deuxième plus forte expression après les 12 % de pieds atteints en 2012. Même constat dans les autres régions de France.

En Bourgogne, Massimo Giudici, maître tailleur pour Simonit & Sirch, a observé une surexpression de l'esca - davantage sur le chardonnay que sur le pinot noir. Son collègue Tommaso Martignon fait également état de symptômes inhabituels dans le vignoble bordelais : « À Sauternes, c'est la première fois que l'on assiste à une forte expression de l'esca dans certaines parcelles de sémillon blanc, un cépage qui résiste bien normalement. »

L'irrégularité des apports en eau pourrait expliquer cette explosion de l'esca, d'après Pascal Lecomte, chercheur à l'Inra de Bordeaux : « Les expressions sont souvent fortes dans des parcelles humides au printemps et sèches en été », indique-t-il. François Dal, conseiller viticole au Sicavac, partage cet avis, avec des nuances cependant : « On observe aussi des différences entre les vignerons. Pour ceux qui curettent, regreffent ou arrachent dès les premiers symptômes, il n'y a pas davantage de symptômes cette année. Ce n'est pas le cas pour ceux qui gardent des pieds légèrement malades en espérant qu'ils reprennent. »

Cette hausse généralisée des maladies du bois tiendrait à trois causes, estime de son côté Pascal Lecomte : « La filière a sous-estimé les effets du changement climatique. Le bond de la demande mondiale en plants de vigne entre 1995 et 2005 a conduit à une production et à des plantations qui se sont faites dans des conditions loin d'être idéales. Et la simplification à l'extrême des systèmes de taille a aggravé le tout. » Le chercheur préconise donc un changement des pratiques.

En attendant, à l'issue des petites vendanges 2017 marquées par le gel et l'important dépérissement annoncé, les viticulteurs semblent désemparés. Assailli de coups de téléphone provenant de toute la France, François Dal fait un amer constat : « Pour la première fois, des vignerons se rendent compte qu'ils ne pourront pas se contenter d'arracher et de complanter. Face à l'étendue des maladies du bois, cela ne passera pas cette année, à la fois en termes de temps de travail et de coûts. »

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