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À LA VIGNE - OCTOBRE

Retour à l'équilibre

MARION BAZIREAU - La vigne - n°302 - novembre 2017 - page 8

Après des fermentations malolactiques fulgurantes, les vignerons et les oenologues dégustent des vins fruités et très équilibrés.

Preuve supplémentaire de la précocité du millésime, les caves languedociennes sont déjà en train d'assembler leurs blancs et rosés. « Nous laissons encore quelques jours aux rouges pour qu'ils récupèrent du sulfitage mais, globalement, nous avons terminé les vinifications avec un mois d'avance », affirme Nicolas Dutour, oenologue pour les laboratoires Dubernet, dans l'Aude.

Dans le Muscadet et l'Anjou, Christophe Marchais est agréablement surpris par la rapidité avec laquelle les blancs et rosés sont prêts à être goûtés. « On a du volume et les vins ne souffrent même pas d'un passage à vide après le sulfitage. »

En Bourgogne, les chardonnays sont francs et très équilibrés. « Ils sont encore un peu troubles et gazeux mais ils dévoilent déjà des belles notes d'agrumes, témoigne Charles-Antoine Géhin, chez Moreau Œnologie. L'élevage apportera un côté floral. »

Partout, les derniers écoulages des rouges sont en cours. Comme les températures des chais sont encore douces, les fermentations malolactiques s'enclenchent rapidement, « même sur certains de nos vins, alors qu'en temps normal elles démarrent toutes à la fin de l'hiver. Ces cuves seront donc sulfitées plus tôt, et les anthocyanes auront un peu moins de temps pour s'associer aux tanins », détaille Fabrice Doucet, oenologue dans le Centre.

Les bactéries lactiques se portent si bien qu'elles compliquent la tâche des levures dans la région gaillacoise. Cela commence à préoccuper Francine Calmels.: « Plusieurs cuves de blanc et de rosé patinent alors que les malos ont démarré. Ce sont souvent celles que l'on a laissées stabuler un mois à froid. Les levures sont concurrencées par les bactéries et ont du mal à transformer les quinze derniers grammes de sucres. Si les apports d'azote et les microcliquages ne suffisent pas, il faudra filtrer les vins et réaliser des pieds de cuve. »

L'oenologue n'a, en revanche, plus aucune inquiétude concernant les rouges. « Leur verdeur a disparu pendant les malos. Ils sont bien violacés et très fruités. »

Nicolas Dutour est aussi très enjoué. Les températures élevées et la faible charge des pieds de vigne ont permis des maturations complètes. « Dans le Minervois, les Corbières ou à Cabardès, il faut remonter au moins jusqu'à 2011 pour avoir de si beaux carignans, grenaches et syrahs, avec une forte intensité aromatique, des notes de fruits rouges, de fruits noirs et d'épices. Les cinsaults sont aussi délicieux, d'ailleurs plusieurs vignerons les ont vinifiés en rouge. »

Plus tardifs, les médocs ressemblent à ceux que l'on vinifiait il y a quelques années. « Ils n'ont pas été récoltés en surmaturité. Ils sont frais et fruités, autour de 12,6 % vol. alc. », explique Antoine Médeville. Comme leur couleur et leur structure ont eu du mal à venir, les vignerons ont monté les cuves à 30 °C pendant les macérations.

Même phénomène dans la vallée du Rhône. « Les vinifications ont été faciles mais les vins n'ont gagné en concentration qu'après une dizaine de jours de macération. Au final, les rouges sont un peu moins puissants mais plus équilibrés que ceux de 2016. Malgré la canicule, on ne retrouve pas de notes confiturées », relate Serge Mouriesse.

Jean-Christian Bonnin, vigneron au domaine La Croix des Loges, 43 hectares, à Martigné-Briand, dans le Maine-et-Loire « Des années comme ça, j'en veux tous les ans »

Jean-Christian Bonnin, vigneron au domaine La Croix des Loges, 43 hectares, à Martigné-Briand, dans le Maine-et-Loire (Ici sur le tracteur de son grand-père)

Jean-Christian Bonnin, vigneron au domaine La Croix des Loges, 43 hectares, à Martigné-Briand, dans le Maine-et-Loire (Ici sur le tracteur de son grand-père)

« Nous n'avions jamais vu un si bon état sanitaire. Même le gamay, sensible à la pourriture, n'a pas décroché. Nous avons eu le temps de bien déguster les baies pour récolter à la maturité optimale.

Par la suite, nos fermentations n'ont jamais patiné, même dans les cuves non ensemencées en LSA.

Cette année, nous n'allons pas laisser la malo se faire sur les blancs car l'acidité n'est pas très haute, autour de 4,4 g/l. Nous voulons des chenins ronds et fruités mais qui gardent de la fraîcheur. Pour la même raison, nous avons visé entre 12 et 12,5 % vol. alc. pour les cabernets-d'anjou rosés. Nous avons rentré les rouges une dizaine de jours plus tard et avons laissé plusieurs cuves macérer à froid pour exacerber leur fruité. Elles ont terminé leurs sucres autour du 24 octobre et leur malo devrait bientôt démarrer car il fait encore 15 à 16 °C dans la cave [le 2 novembre, NDLR].

Sur les liquoreux, la pourriture noble s'est développée après les épisodes de pluie de septembre et tout est allé très vite. Nous n'avons réalisé que deux tris contre quatre ou cinq en temps normal. Nous avons terminé le 20 octobre, avec un mois d'avance. Nos coteaux-du-layon ont été rentrés à 17 de TAP, pour éviter la lourdeur. Ils dévoilent déjà de belles notes de fleurs blanches. Pour nos bonnezeaux, nous recherchons davantage de concentration et nous avons attendu d'avoir 21° potentiels. Finalement, seuls les rendements sont décevants. Nous avons perdu entre 25 et 30 % de volumes.

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