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DOSSIER - PARÉS CONTRE LE GEL

La bâche antigel refait surface

La vigne - n°305 - février 2018 - page 21

À Chablis et dans le Val de Loire, des viticulteurs veulent tester les bâches antigel interdites par l'Inao en 2009.
INTERDITES, les bâches pourraient à nouveau être mises à contribution dans la lutte contre le gel.   © DOMAINE DES MALANDES

INTERDITES, les bâches pourraient à nouveau être mises à contribution dans la lutte contre le gel. © DOMAINE DES MALANDES

Interdites par l'Inao depuis 2009, les bâches antigel pourraient reprendre du service cette année. Fin décembre, une dizaine de domaines de Chablis a demandé l'autorisation de les tester à nouveau. En Touraine, des vignerons de Cheverny et de Bourgueil souhaitent également tenter l'expérience.

« On nous interdit ce procédé efficace et non polluant, alors que les chaufferettes qui consomment du fuel et dégagent des fumées sont déployées à large échelle. C'est insensé dans le contexte actuel de protection de l'environnement », s'indigne Lyne Marchive, vigneronne au domaine des Malandes.

Jusqu'en 2009, Lyne Marchive a bâché une de ses parcelles gélives du débourrement jusqu'à la fin du risque de gel comme une quinzaine d'autres producteurs. La chambre d'agriculture de l'Yonne a confirmé l'efficacité de cette protection. « Dans les vignes couvertes, nous avons observé moins de 5 % de bourgeons gelés alors que les vignes non protégées présentaient jusqu'à 49 % de dégâts », indique Guillaume Morvan, technicien à la chambre d'agriculture, dans une étude menée après le gel de 1997.

L'Inao met fin à cette pratique car elle estime alors que ces toiles accélèrent la pousse de la vigne et dénaturent le lien au terroir, ce qui est impensable en AOC. Dans son étude, Guillaume Morvan constatait en effet que les vignes bâchées avaient au moins huit jours d'avance sur les autres, lors du débâchage. Mais il ajoutait que cette précocité se réduisait par la suite et qu'aux vendanges il n'y avait plus de différence.

« Nous allons de nouveau évaluer l'effet de ces toiles sur le développement de la vigne et déterminer comment les utiliser pour limiter cet impact », indique Marion Saüquère, directrice de la CAVB, qui soutient la demande des Chablisiens.

Reste que les toiles ne sont pas sans faille. Quand la température descend très bas (en dessous de - 7 °C), elles ne protègent plus. Et d'après des essais menés en Champagne, lorsqu'une masse d'air gelé s'abat sur une région, elles peuvent aggraver les dégâts. La réponse de l'Inao est attendue pour la mi-février.

Cet article fait partie du dossier PARÉS CONTRE LE GEL

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